C'est ce que va recevoir Alain Combes pour quitter Alcatel, où il est DG depuis ... deux ans !!
Alcatel, c'est une de ces histoires tragiques des grandes entreprises industrielles à la française. Reine des télécommunications il y a quelques dizaines d'années, l'histoire de l'ex CGE n'est qu'un jeu de monoply, de diversifications en recentrages, pour aboutir au néant d'aujourd'hui. Tout le monde se souvient de la fusion tapageuse avec l'américain Lucent, proposée en 2006 par le pdg Tchuruk. Le salut était au bout, on avait fait un n°1 mondial, vive la France! La charismatique Patricia Russo devenait directrice générale de l'empire. Mais deux canards boiteux concurrents depuis des années et aux cultures différentes ne font pas un lièvre, la belle mécanique inventée en chambre par les as de la finance et de la banque d'investissement ne fonctionna jamais, et le rêve tourna vite au cauchemar. Le groupe rate le virage de la 3G et la 4G, et les deux anciens compères, Russo et Tchuruk se chamaillent dur avant de quitter tous deux le groupe, la queue entre les jambes, au moins pour l'un des deux, mais les bourses bien remplies n'en doutons pas !
A son poste depuis 2013, Alain Combes a mis en place un vaste plan de restructuration, le plan Shift, visant à faire de l'ancien n°1 mondial des télécommunications, un spécialiste du cloud, IP et haut débit. De cessions d'activités en allègements d'effectifs, en France et dans le monde, la fusion avec Nokia, autre affaire qui n'a pas vu venir les virages technologiques, est annoncée en juin 2015. La haute direction sera finlandaise, le nouvel ensemble, comprenant 120 000 personnes, sera détenu aux deux tiers par les actionnaires finlandais.
Il y a 40 ans il y avait la CGE - Cie Générale d'Electricité - un des leaders mondiaux de sa profession. Aujourd'hui, Alcatel-Lucent apporte ses lambeaux d'activités à Nokia pour se fondre dans une structure finlandaise. Cela vaut bien 13 millions d'euros pour remercier son DG, non ?
Quand on écoute le MEDEF, tout va mal, et c'est la faute à l'Etat. Voilà une croyance qui relève de l'intégrisme, et fait de beaucoup de patrons des individus plus proches des djiadistes que de chefs d'entreprises responsables. Le MEDEF ferait bien de faire son introspection. Il verrait que les premiers responsables de l'atonie française sont ces chefs d'entreprises, notamment des grandes, parachutés à la tête d'entreprises dont ils ne connaissent pas les métiers, et qui, forts de leurs beaux diplômes et de leurs belles relations, sont des présidents autistes. Ainsi meurent les plus beaux fleurons de l'industrie française.
On pourra ajouter que ce DG, comme tant d'autres, montre par ce chèque ahurissant, son absence totale de morale et de valeurs. Aura-t-il seulement une pensée, même toute petite, pour ces milliers de cadres, employés, ouvriers, qu'il a désespérés, en les mettant sur le carreau, en vendant les entités dans lesquelles ils travaillent comme on vend un kilo de carottes sur le marché, en mettant leur destin aux mains d'une entreprise étrangère en santé moyenne, qui n'hésitera pas à les mettre dehors à la première restructuration venue.