Pêchés de jeunesse

Le 07/05/2023

Dans Humeurs

Il est de bon ton d'ironiser sur le trop grand âge de certains dirigeants. Mais la jeunesse a aussi ses risques et points faibles. Et si Emmanuel Macron pêchait par sa jeunesse ?

On espérait beaucoup de la jeunesse d'Emmanuel Macron, qui tranchait avec les précédents présidents.
Depuis Giscard, jeune président qui s'est vite noyé sous la mégalomanie du pouvoir, tous les présidents élus avaient plus de la cinquantaine et surtout une longue expérience de la politique.

A 39 ans, et presque novice en politique, Emmanuel Macron s'est voulu porteur d'une vision et d'une approche nouvelle, construisant son image sur sa capacité à casser les codes et à faire autrement de la politique.

Par sa vision d'une économie mondialisée, dominée par l'innovation technologique, contrainte par la compétitivité et la productivité qui en sont sa condition, il s'est projeté en visionnaire jeune, dynamique, lucide, compétent. Il  a voulu briser les jeux et alliances politiques traditionnels, désuets comme leur regard sur le monde. 

 

La dure réalité

 

Mais ça ne s'est pas passé comme il le prévoyait.
Les gilets jaunes ont montré qu'une part importante des français n'adhérait pas à la vision du jeune président, et que gouverner un pays nécessitait d'emmener tout le monde et pas seulement les premiers de cordées.
D-autant plus que la crise sanitaire a montré, comme il en était malheureusement besoin, que ces derniers de cordées étaient indispensables au bon fontionnement de la société, et qu'ils avaient une consience politique et sociale plus forte qui dépassait la seule force de l'appât du gain.
La guerre délarée par Poutine à l'Ukraine  a montré que l'OTAN et les EU étaient toujours les forces sur lesquelles repose la sécurité de l'Europe, renvoyant aux calendes grecques l'éventualité d'une défense européenne. Elle a  montré aussi que le bling-bing et le tapis rouge déroulé à Versailles etaient dérisoires pour ramener à la raison un dirrigeant dépassé par son ego.   

 
 

Les déboires en Afrique ont montré que les discours de repentirs ne suffisent pas à effacer le passé colonial esclavagiste, non plus qu'à établir avec ces pays des relations dégagées des vieux sentiments de domination.

La vision jupitérienne du pouvoir, en opposition de celle d'un Hollande jugée, abusivement, velléitaire, s'est fracassée sur l'esprit libertaire des français. 
L'angoisse climatique et environnementale interroge le monde sur le modèle de développement du futur, qui ne sera certainement pas celui imaginé par le candidat Macron.

 

Impasse

 

Mauvais état des lieux au départ, vision obsolète du pouvoir, connaissance de la société française au seul prisme de la réussite des entrepreneurs censée profiter à tous par ruissellement, trop grande confiance en soi et en une apparente empathie pour asseoir des relations diplomatiques, Emmanuel Macron  a pêché par défaut de jeunesse. Sa fixation sur la réforme des retraites censée être partagée par les français qui l'ont élu en est l'exemple caricatural, qui risque de vider son mandat de toute substance. 

La confiance arrogante de la jeunesse, assise sur un sentiment de supériorité,  l'a conduit dans l'impasse actuelle, de laquelle nul ne voit la sortie.