Retour aux réalités

Le 29/04/2023

Dans Humeurs

Fitch vient d'abaisser la note de la France. Rien de grave pour l'instant, mais sans inversion des courbes financières, c'est le rôle même de la France notamment en Europe, et dans le monde, qui est compromis.

L'Agence de notation Fitch a tiré les conséquences des mauvais chiffres de la France. Balance commerciale structurellement largement déficitaire, déficit budgétaire au-dessus de 5% du Pib, endettement de plus de 110% du Pib.
La note est passée de AA à AA-.

Ce n'est pas la catastrophe, nous sommes à égalité avec le Royaume-Uni, et toujours dans le groupe des "très bonnes" notes qui en comprend trois, AA+, AA, AA-. La France fait toujours partie des pays dans lesquels les investisseurs ont confiance.

Mais les perspectives ne sont pas favorables, et sans renversement de tendance, qu'on  a du mal à imaginer aujourd'hui, le rôle de la France en Europe et dans le monde s'en trouvera fortement amoindri.

La France décroche des meilleurs européens

 

Sept pays européens bénéficient du triple A, dont 3 appartiennent à la zone euro - Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg - deux ont la note AA+, dont la Finlande et l'Autriche, six ont AA-, dont la France, Irlande, Belgique, Estonie, pour la zone euro, et le Royaume-Uni et la Tchéquie hors zone euro.  

La France est désormais distancée par l'Allemagne et les Pays-Bas, derrière la Finlande et l'Autriche, et à égalité avec la Belgique, l'Estonie et la Tchéquie.
La France ne fait pas partie des pays qui tirent l'euro vers le haut, et son influence sur ses partenaires européens, euro ou non, s'en trouvera inévitablement affectée. La puissance dominante de l'Europe est et reste l'Allemagne, c'est elle qui porte l'euro, en fait sa force et sa stabilité. Le pouvoir appartient aux plus forts, la France n'en fait pas partie, quelque soit le charisme du dirigeant. 

 

Pas d'amélioration en vue

 

Depuis la fin de la guerre, pour ne partir que de là, la France n'a jamais brillé par la discipline de sa gestion économique et financière. Les trente glorieuses ont été une suite de déficits suivis de dévaluations dites compétitives, précédées et suivies de périodes inflationistes, mal français par excellence.
La création de la zone euro et la nécessité de la compétitivité dans une économie mondialisée ont ralenti quelque peu nos ardeurs inflationistes. Mais la crise du Covid, puis celle de l'énergie née de la guerre en Ukraine, ont réveillé les vieux démons en faisant reposer sur l'Etat la réponse à tous les problèmes.
Dans le même temps, la rigueur budgétaire courtermiste de ces vingt dernières années à conduit les grands services publics au bord du précipice. Santé, défense, enseignement, justice, sont exangues, et les rattrapages promis ou engagés vont peser lourdement sur des chiffres déjà mauvais.   

 

 

Le Père Noel aux élections présidentielles

 

Dans trois ans ce sera la course à l'échalotte pour élire un nouveau président. On va "raser gratis" jusqu'à plus soif, et comme maintenant on applique les promesses, la dégradation va se poursuivre. La saine gestion des finances publique n'a jamais été en France un argument électoral, et la personnalisation à l'excès du régime et des élections conduit inéluctablement à promettre toujours plus, en négligeant d'en annoncer les conséquences.

Les français n'aiment pas l'Etat, pourtant ils en attendent tout. Les gilets jaunes sont passés devant le siège du Médef sans le voir, ils ont attaqué commissariats et préfectures, ont réclamé des sous à Macron, mais pas aux patrons. Et Macron leur en a donné, bien au-delà de son rôle, sans aucune reconnaissance de la part des bénéficiaires, mais confirmant aux yeux du plus grand nombre, que l'amélioration de leur condition ne peut venir que de l'Etat, et non d'eux-mêmes ou des employeurs.

 
 

Un pays n'est fort que s'il l'est éonomiquement et financièrement. Ce n'est plus le cas de la France, dépendante de ses importations comme jamais, et comptant sur un Etat providence pour combler tous les manques. 
Un jour les pays forts de la zone euro prendront le pouvoir, parce qu'ils en auront assez de payer pour les mauvais élèves, et de ne pas faire ce que ces derniers font sans vergogne parce que comptant sur les meilleurs.
C'est non seulement le rôle de la France qui est en jeu, mais l'existence de l'Europe.