Impuissance

Le 26/01/2016

Dans Humeurs

Uber degage
Le mécontentement populaire est latent, agriculteurs, taxis, fonctionnaires, enseignants. Le privé se tait, il ne manifeste plus dorénavant que lorsqu'il est trop tard, au moment du dépôt de bilan. 

Les éleveurs ont manifesté l'été dernier, ont obtenu quelques aides, qui n'ont rien résolu, et sont de nouveau sur le bitûme. Les taxis avaient violemment manifesté l'an passé, ont gagné sur  quelques points, et recommencent à nouveau. On prend les mêmes et on recommence, toujours et encore. Parce qu'à chaque fois, on ne résout jamais rien.
On n'a pas réglé le problème de la concurrence déloyale que fait l'ubérisation aux taxis. On n'a pas réglé le problème du cours du lait et de la viande qui interdit aux agriculteurs de vivre normalement de la production. On n' assure plus le maintien du pouvoir d'achat des fonctionnaires.
A chaque fois c'est pareil, on trouve des biais pour apporter des aides, plus ou moins provisoires, sans jamais traiter le problème sur le fond. Par faiblesse politique ou impossibilité. On transforme des professionnels, qui ne demandent qu'à vivre de leur travail, en assistés, avec le risque en plus qu'ils soient montrés du doigt par la population.
Le cours du lait ne dépend plus de la décision politique. Il est le résultat de l'offre et de la demande au niveau européen. La demande est en baisse avec l'embargo russe, l'offre est impactée par la baisse des coûts de production des pays européens les moins développés et par l'agriculture très industrialisée pratiquée dans certains pays, et l'avenir est bouché pous les éleveurs français qui refusent de s'engager soit dans la voie industrielle soit dans la voie du bio. La France continuera par tradition de soutenir financièrement et artificiellement les éleveurs, au mépris de ses engagements européens, et ça n'empêchera pas le plus grand nombre de disparaître. Aucun français n'y gagnera, le consommateur y perdra beaucoup, mais c'est inéluctable, car telle est la loi du marché capitaliste qui s'impose à nos gouvernants
Les taxis quant à eux sont victimes de l'ubérisation de leur profession. Le progrès technique permet la mise en place de ces plates-formes qui bousculent l'organisation sociale. Ca peut correspondre au besoin du consommateur qui voit, parfois, les prix baisser et le service progresser en qualité et facilité, ça peut faciliter l'emploi de nombre de personnes qui seront aussi séduites par l'apect profession indépendante, ce sera aussi un leurre pour beaucoup, ces plates-formes créant le plus souvent un lien de subordination avec les professionnels, sans leur accorder la sécurité du salarié. Mais on ne va pas contre le progrès technique, on pourra réglementer, subventionner, compenser, comme on sait tant le faire en France, mais l'ubérisation est inscrite dans l'histoire, et tant pis pour le politique
Des fonctionnaires sont aussi dans la rue. Ils déplorent que leur pouvoir d'achat ait baissé de 8 à 10% en 10 ans. Les salariés privés sont au même régime. La loi capitaliste s'applique dans son implacable dureté depuis 20 ans. Seules les élites dirigeantes voient leurs rémunérations exploser, et font partager quelques miettes aux cadres, d'autant plus grosses qu'ils sont haut placés, pour prix de leur soumission aux dogmes du management capitaliste. Pour les 80% restants, il n'y a plus d'augmentation automatique des salaires, seuls ceux qui sont jugés les plus méritants bénéficient d'une petite augmentation plus ou moins régulière, qui leur permet de maintenir leur pouvoir d'achat. Au total, le pouvoir d'achat de tous les salariés s'érode, la conséquence étant une stagnation de l'économie.

Tout ce qui a été construit dans l'après-guerre pour que le fruit du progrès soit réparti plus équitablement et pour permettre aux plus faibles de subsister, eux aussi, est en train d'être mis à bas par la loi du capitalisme mondialisé et du progrès technique.
Un monde nouveau est en train de naître que personne n'imagine, surtout pas ceux qui en sont les acteurs principaux qui ne s'agitent que pour leur profits, et non par la vision d'une société meilleure. La gauche, défendresse traditionnelle des plus faibles, est morte, en panne de vision.
L'humain est sorti de la préoccupation des acteurs qui font l'histoire, et les autres, gouvernants, syndicalistes, intellectuels, ne sont plus que des spectateurs impuissants. Seul le peuple a le pouvoir de réagir.