Cette économie mondialisée va bouleverser les conditions de travail, et avec elles le rapport au travail, jusqu'à en ébranler l'attachement à la démocratie.
Le taylorisme et l'automatisation avaient déjà transfomé les conditions de travail. Si elles avaient pu s'en trouver améliorées, l'intérêt du travail s'en était déjà trouvé défavorablement affecté, au point de faire naître une interrogation sur son sens.
Avec l'internationalisation de la compétition, le mal être envahit tous les secteurs de l'entreprise et presque tous les salariés. Aux secteurs de la production, les premiers touchés, il s'étend aux employés, informaticiens, back-offices, ingénieurs même. Tous les salariés de l'entreprise internationale se sentent désormais concernés par les fermetures de services, usines, sièges sociaux , les suppressions de postes, externalisations, délocalisations, au gré des décisions des contrôleurs de gestion ou des choix dits stratégiques des directions.
L'entreprises et devenue un lieu d'angoisse, où domine la peur de perdre son emploi, de voir son service, voire l'entreprise entière, "dégraissé", ou supprimé, de voir un nouveau chef, petit, moyen ou grand, débarquer et casser ce que le précédent a fait trois ans avant.
Pour les financiers qui dirigent les grandes entreprises, le moyen le plus à leur portée d'augmenter les profits est la compression des coûts, dont les salaires sont presque toujours la composante dominante. Et donc les salariés sont les premiçres victimes de ces "cost killers" que les pdg s'arrachent à coup de millions d'euros ou dollars.
On a baissé les coûts et augmenté la productivité, mais aussi ramené le salarié à un matricule source de coût et non de richesse, dont on se débarrasse dès que l'opportunité se présente. Dans ces entreprises, seuls les salaires des cadres progressent nettement plus vite que l'inflation, les autres courent derrière. Tous subissent le joug des pressions productivistes, à la production comme à la vente, et les bénéficiaires des plus hautes rémunérations sont taillables et corvéables à merci.
Difficile de se projeter dans cet "univers impitoyable", difficile de donner un sens à son travail quand le poste peut être supprimé à tout moment, que l'objectif de production est revu chaque année à la hausse sans tenir aucun compte du possible et du souhaitable, difficile de se respecter quand l'entreprise ne respecte pas ses travailleurs, ne les voit pas en dehors de leur coût, ne les rémunère pas plus que le minimum de survie. Tout le monde sait qu'on ne peut pas vivre avec un smic, même en province. Pourtant 15% des salariés français touchent le smic, 30% ont un revenu net inférieur à 2200€ par mois.
Et si on demandait aux grands patrons de vivre avec un smic pendant trois mois ?!