La démocratie ne va pas de soi. Elle n'a quasiment jamais existé dans l'Histoire, sauf quelques petites parenthèses à Athènes et à Rome.
Après la révolution française, il a fallu presqu'un siècle pour qu'elle s'installe, et qu'une constitution en fixe les règles sur le papier.
La démocratie n'a pas empêché l'éclatement des guerres les plus meurtrières de l'Histoire, n'a pu empêcher l'arrivée au pouvoir du pire dictateur, a permis l'utilisation, par deux fois, de l'arme la plus cruelle que le monde ait connu. Autant dire que la liberté et les bons sentiments n' ont pas apaisé les passions des dirigeants des Etats et la folie assassine qu'elles génèrent. C'est un premier échec.
Les démocraties européennes sont nées conjointement au démarrage industriel. De grandes entreprises sont nées sous l'effet du progrès technique, du libéralisme économique, et du développement d'un premier capitalisme financier qui a apporté les ressources financières nécessaires.
Mais la justice sociale n'a pas suivi. Si une large classe ouvrière s'est constituée pour apporter la main d'oeuvre indispensable, elle a été largement exploitée, et rémunérée au minimum vital. Le progrès social a été lent, le plus souvent sous l'effet des luttes syndicales, parfois très virulentes.
Misère et travail ont longtemps cohabité, pendant que patrons et directions se constituaient de grandes fortunes.
A la fin du 20 ème siècle, la mondialisation a fait franchir un pas mortifère au capitalisme, qui est devenu mondial et financier. Se sont créés des groupes plus forts que les nations, dépassant les frontières, dopés au profit pour le bénéfice principal des actionnaires et des dirigeants.
Ces groupes ont soumis le monde à l'implacable loi de la compétitivité, transformant la planète en champ de bataille économique. Productivité et baisse des coûts en sont les composantes, avec comme instrument les délocalisations, les externalisations, les pressions productivistes, la limitation des salaires. Sentiment d'injustice, d'exploitation, de non reconnaissance, mal être au travail, pauvreté, ont jeté une ombre sur le travail, qui de libérateur est devenu soumission.
Le capitalisme l'a emporté sur la démocratie, qui pour beaucoup, apparaît comme étant à son service. C'est un deuxième échec.