La démocratie a-t-elle un avenir ?

Le 12/09/2025

Dans Humeurs

Les démocraties se voulaient l'avenir du monde. Et si elles n'étaient plus qu'un passé nostalgique et révolu ?

Longtemps on a cru en Occident que les démocraties étaient l'avenir du monde. Longtemps on a cru que le modèle humaniste qu'elles aspirent à représenter, avec ses valeurs de justice, de liberté de pensée et d'expression, d'état de droit, de droit du peuple à choisir ses représentants, était le sens de l'histoire. Et que ce modèle de société allait inexorablement s'imposer à l'ensemble de la planète, pour le plus grand bonheur de l'humanité.

Or aujourd'hui l'évidence s'est changée en doute. Si le communisme a échoué et avec lui le rêve d'une société plus égale et plus juste, d'autres société autoritaires, souvent héritières du communisme, séduisent un nombre croissant de citoyens des démocraties, qui osent afficher leur attirance envers ces puissances autoritaires.

Que s'est-il passé ?

Le capitalisme l'a emporté

 

 

Ecclesia lt

 

 

 

Barricade1848

La démocratie ne va pas de soi. Elle n'a quasiment jamais existé dans l'Histoire, sauf quelques petites parenthèses à Athènes et à Rome.
Après la révolution française, il a fallu presqu'un siècle pour qu'elle s'installe, et qu'une constitution en fixe les règles sur le papier.
La démocratie n'a pas empêché l'éclatement des guerres les plus meurtrières de l'Histoire, n'a pu empêcher l'arrivée au pouvoir du pire dictateur, a permis l'utilisation, par deux fois, de l'arme la plus cruelle que le monde ait connu. Autant dire que la liberté et les bons sentiments n' ont pas apaisé les passions des dirigeants des Etats et la folie assassine qu'elles génèrent. C'est un premier échec.

Les démocraties européennes sont nées conjointement au démarrage industriel. De grandes entreprises sont nées sous l'effet du progrès technique, du libéralisme économique, et du développement d'un premier capitalisme financier qui a apporté les ressources financières nécessaires.
Mais la justice sociale n'a pas suivi. Si une large classe ouvrière s'est constituée pour apporter la main d'oeuvre indispensable, elle a été largement exploitée, et rémunérée au minimum vital. Le progrès social a été lent, le plus souvent sous l'effet des luttes syndicales, parfois très virulentes.
Misère et travail ont longtemps cohabité, pendant que patrons et directions se constituaient de grandes fortunes.
A la fin du 20 ème siècle, la mondialisation a fait franchir un pas mortifère au capitalisme, qui est devenu mondial et financier. Se sont créés des groupes plus forts que les nations, dépassant les frontières, dopés au profit pour le bénéfice principal des actionnaires et des dirigeants.
Ces groupes ont soumis le monde à l'implacable loi de la compétitivité, transformant la planète en champ de bataille économique. Productivité et baisse des coûts en sont les composantes, avec comme instrument les délocalisations, les externalisations, les pressions productivistes, la limitation des salaires. Sentiment d'injustice, d'exploitation, de non reconnaissance, mal être au travail, pauvreté, ont jeté une ombre sur le travail, qui de libérateur est devenu soumission
Le capitalisme l'a emporté sur la démocratie, qui pour beaucoup, apparaît comme étant à son service. C'est un deuxième échec.

Les démocraties libérales doivent-elles être nécessairement laxistes? Dans ces sociétés ouvertes à d'autres cultures et génératrices d'injustices, la violence augmente, des quartiers entiers deviennent des lieux de non-droit, les manifestations y sont presque systématiquement perturbées par des folies destructrices, où on vient pour tout casser, "y compris du flic". Peu de casseurs sont interpellés, et les sanctions sont rares. Comme si le coupable méritait plus d'attention que la victime!
Le sentiment d'impunité encourage les uns, désespère les autres, le sentiment d'un état où règne la justice s'amenuise, le sentiment d'insécurité se diffuse lentement mais sûrement dans toute la population, c'est le troisième échec de la démocratie.

La grande idée de l'après-guerre d'une union des forces de l'Europe garantissant la paix et la prospérité a déçu une grande partie de l'opinion. La démocratie a été moins forte que le nationalisme, et l'Europe unie a perdu au profit d'une Europe des nations, forte économiquement, mais nain géopolitiquement
Car en face, d'autres que nous se sont emparés des potentialités de la liberté du commerce pour constituer des puissances économiques qui sont en passe de nous écraser. De laboratoire de production pour fabriquer tout ce que nous ne voulions plus faire, ils sont devenus maîtres en inventions et innovations, surclassant une vieille Europe qui n'a rien voulu voir venir. C'est le quatrième échec de la démocratie.

L'avenir est-il à droite ?

Le résultat en est une montée inexorable des populistes de droite, qui ne font pas de la démocratie une priorité. La Slovaquie, la Hongrie, l'Italie, les EU, sont dorénavant dirigés par des personnes cataloguées "extrême droite". La démocratie y est certes encore présente, mais que se passera t-il  quand le vote populaire sera contraire ? Orban acceptera t-il sa défaite ? On a déjà vu Trump à l'oeuvre. Qu'en sera-t-il dans deux ans ?
En France, le RN est aux portes du pouvoir, en Allemagne, l'AFD progresse à toute vitesse. Les sociaux-démocrates scandinaves sont en déroute. Et partout l'efficacité de la Chine fascine, et fait s'interroger les populations.
Par leur pusillanimité, les partis politiques français refusent toute coalition gouvernementale, s'arcboutant sur des pseudo programmes détenteurs de la vérité absolue, ouvrant ainsi un boulevard au RN et au populisme à la française. Rien dans le programme du RN ne laisse entrevoir une remise en cause de la démocratie, sauf que l'héritage de ce parti est l'Algérie française, avec l'OAS et ses tentatives de coup d'Etat et d'assassinats, et des secte d'extrême droite violentes et fascisantes.
Un certain risque sur la démocratie existe avec le RN, que de plus en plus de personnes sont aujourd'hui prêtes à prendre. En France comme ailleurs, la démocratie semble une valeur de moins en moins à défendre.