La société demain devra être solidaire, ou ne sera pas

Le 09/07/2017

Dans Humeurs

SolidariteCertains experts voient dans l'automatisation galopante et le développement de l'intelligence artificielle un déclin annoncé du travail. Les sociétés modernes ne génèreraient plus assez d'emploi pour tout le monde.
Faut-il les croire? 
Et si oui, quelles pourraient en être les conséquences? Sans travail, que deviendront nos sociétés justement fondées sur le travail ?

Le progrès technique a toujours supprimé des emplois

Quand au 19ème s. le train est apparu et s'est développé, les distances ont été allégées au plus grand bonheur des voyageurs qui ont gagné en temps et en confort.  Mais au plus grand malheur des cochers, des fabriquants de diligences, des forgerons, vendeurs de chevaux, gérants de relais de postes.
L'industrialisation des processus de fabrication a créé des milliers d'emplois, mais en a supprimé des milliers d'autres, artisanaux. L'eau courante a rendu inutiles les porteurs d'eau, la réduction du bois et du charbon comme moyens de chauffage ont supprimé des milliers d'emplois. Les exemples s'en trouvent à la pelle, chaque innovation qui survient rend obsolète biens et services, et suppriment les emplois qui vont avec.

Jusqu'aux années 80, les emplois créés ont été, sur la durée, supérieurs en nombre sur ceux supprimés. Le chômage apparaissait comme quelque chose de conjoncturel, le temps que la main d'oeuvre s'adapte à la nouvelle demande consécutive aux nouvelles technologies.

Le progrès technologique change de dimension

Depuis 30 ans, le progrès a changé de nature. L'informatique dans son sens le plus large a tout bouleversé, robotisation et automatisation ent supprimé des milliers de postes peu qualifiés, et le développement de l'intelligence artificielle s'attaque désormais à des postes intellectuels qu'on pouvait juger indéboulonnables.

Certes le développement de ces technologies crée des emplois, mais en nombre inférieur à ceux supprimés, même sur la durée. Ce qui fait dire à certains, peut-être trop pessimistes, qu'on va vers un monde sans travail, parce que nos sociétés ne génèreront plus assez de travail pour tout le monde. Les suppressions de postes vont toucher tous les secteurs, de la distribution par la suppression des caissières et des vendeurs, à l'informatique avec le remplacement de la maîtrise d'ouvrage et d'oeuvre par l'intelligence artificielle, en passant par la presse pour la rédaction des articles simples, aux transports, qui se passeront de chauffeurs et pilotes, sans même énoncer tous les emplois supprimés du fait de l'exécution des tâches par les clients eux-mêmes permise par les applications de l'Internet.

Le débat s'est engagé dans la campagne présidentielle française au travers du candidat socialiste, qui a défendu l'idée du "revenu universel" pour faire face à un monde où le travail se raréfierait.

Dans le climat libéral du moment, l'idée défendue par le représentant socialiste n'a pas accroché grand monde. L'air du temps est à la compétitivité, et à la baisse des charges qui paraît aujourd'hui la conditionner. Les français et leurs décideurs politiques ne semblent découvrir que maintenant l'impérieuse nécessité de la compétitivité de nos entreprises dans un monde ouvert à la concurrence mondiale.

La solidarité à la place du profit

Cela n'empêche pas que la répartition du travail et de ses fruits sera l'une des grandes préoccupations du monde de demain.

Car la société capitaliste, dont le moteur est le profit et son accaparement par quelques uns - actionnaires, élites dirigeantes, cadres supérieurs - n'est pas adapté à une société qui devra mettre en exergue le partage pour permettre à tous de survivre.

Une société où le travail manque signifie des personnes sans revenus.
Pour certains experts, il y aura d'un côté ceux qui auront un travail, et donc un salaire. Et puis les autres, plus nombreux, qui vivront par la débrouille. Petits boulots, trafics, combines, seraont le sort du plus grand nombre. La précarisation sera la règle, le salariat avec ses garanties l'exception.

Une société dominée par une logique capitaliste conduira à un tel modèle, qui serait une immense régression pour l'humanité et aboutira à l'explosion sociale.

Il est inévitable que le progrès continu de la productivité conduise à un modèle social différent, opposé même au modèle capitaliste.
Les gains de productivité et les profits devront servir au partage non plus au profit des détenteurs des capitaux et du pouvoir, mais aussi et surtout au profit de ceux qui n'auront pas la chance ou la possibilité de trouver un travail. Le travail devra être partagé, réduisant le temps de travail de chacun. C'est une logique contraire à celle du capitalisme, où les progrès de la productivité bénéficient aux capitalistes et non aux travailleurs, par la réduction du temps de travail ou la hausse des salaires.
Les fruits du travail devront aussi être partagés plus largement qu'aujourd'hui, puisque les personnes sans travail seront en plus grand nombre.

La paix sociale sera à cette seule condition.

Le communisme est mort-né avec la chute de l'URSS, laissant le capitalisme libre de tous ses excès, avec les dégâts actuels et annoncés. Mais un autre modèle social devra voir le jour, d'abord pour respecter la planète, que le tout production condamne, ensuite pour répartir les richesses, que le seul travail ne pourra plus assurer.

Le présent de nos sociétés repose sur l'égoïsme, le chacun pour soi, au bénéfice des plus cupides et des moins scrupuleux qui s'accaparent l'essentiel des fruits de la production.

L'avenir sera dans la solidarité, qui devra sppléer au travail individuel pour assurer la survie du plus grand nombre, et le maintien du lien social.