Que sont nos rêves devenus ?

Le 02/07/2017

Dans Humeurs

Reve
... "qu'on avait de si près tenus et tant aimés". Dans les années 60 et 70, on rêvait, on rêvait à une société qui ne soit pas seulement de consommation, on rêvait à une société plus juste, où il n'y aurait plus de misère, où le travail permettrait à chacun de vivre selon ses besoins, on rêvait à un monde sans guerre, où les nations se parleraient au travers de l'ONU, on rêvait à la victoire de l'amour sur la haine, l'appât du gain, l'ambition personnelle. 

Le verre à moitié vide

Le socialisme s'est effondré, et avec cette mort, se sont envolés les rêves de justice sociale, d'égalité des droits, d'état providence.
Le capitalisme a triomphé, et n'a pas mégoté sa victoire. L'idée qui aurait pu être belle, la mondialisation, a été récupérée par les accapareurs de profits pour transformer la planète en un immense marché où les personnes ne sont plus que des consommateurs en puissance, où le profit est le moteur principal des élites dirigeantes, où l'argent et les montages juridiques se jouent des frontières pour échapper à l'impôt. Partout la recherche obsessionnelle du profit a fait perdre au travail l'essentiel de son sens, réparti dorénavant entre les cadres plus ou moins dirigeants, nouveaux esclaves asservis par des bonus et stock-options souvent monnaies de singe, et la masse des travailleurs qui doit se résigner au minimum vital fixé par le marché. Aujourd'hui, précarisation de l'emploi et stagnation du pouvoir d'achat sont l'espérance du plus grand nombre.

A la fin de l'Histoire prédite par Fukuyama s'est substituée une généralisation de conflits régionaux, qui avec les grains de sel des grandes puissances risque de s'étendre constamment. Ceux qui ont connu les dernières grandes guerres sont morts, et avec eux la vigilance du "plus jamais ça". Le monde ressemble de plus en plus à une poudrière, il n'y a plus de grande voix pacifique et humaniste, mais au contraire des volontés nationalistes et mercantiles. 

La science a fait des bonds, changeant davantage le monde en 30 ans que les trois siècles précédant. Pourtant la foi dans le progrès qui était celle des humanistes du XVIIIème s. semble bien passée, le progrès fait peur, déshumanisant l'homme, mettant en péril la planète, bouleversant les valeurs. 

Et le verre à moitié plein

Pourtant, le surarmement des puissants a créé la dissuasion, qui semble devoir nous abriter des déflagrations mondiales à l'image des deux dernières grandes guerres.
Pourtant le progrès qui a envahi chaque foyer apporte un confort que nos ancêtres doivent nous envier, une santé et une espérance de vie grandement améliorées, un allègement immense de la souffrance. Il a aboli les distances et rapproché les peuples, il a démultiplié les capacités individuelles de faire.
Si le travail manque, mais il a certainement toujours manqué, les travaux les plus pénibles et les plus dangereux se réduisent, au moins dans les pays développés.
La démocratie gagne du terrain, les sociétés évoluent plutôt dans le bon sens, le droit n'a-t-il pas tendance à gagner du terrain au détriment de l'arbitraire ?

Et tant bien que mal, le monde s'organise, les méchants dirigeants sont davantage punis, l'ONU a le mérite d'exister, des règlementations mondiales prennent jour, ou sont en projet. On est loin, très loin, des objectifs, mais des prises de conscience apparaissent partout, porteuses d'espoirs pour l'avenir, lointain bien sûr.

Pour paraphraser Georges Marchais, ne peut-on pas dire que le bilan de l'évolution de l'humanité est globalement positif?

 

Tout peut exploser pourtant.

Avec l'accroissement du nombre de pays détenteurs de l'arme nucléaire, un conflit nucléaire ne peut pas être totalement écarté. Aussi, le nucléaire civil a tué déjà des milliers de personnes en Ukraine, EU, Japon, Europe, morts officiels ou non, et la sagesse de l'homme est telle que l'avenir promet d'autres milliers de morts. Dans un monde bâti sur la quantité de production réalisée, se passer du nucléaire est une hypothèse impossible pour la plupart des dirigeants du monde. D'autres accidents arriveront, plus terribles encore peut-être. C'est une réalité statistique.

Malgré la COP 21, la planète restera en danger. Il y a loin du diagnostic à la guérison, et on peut douter de la réalité des mesures qui seront prises, surtout si les EU et la Russie s'excluent du processus.

La dégradation des conditions de vie des classes populaires et moyennes, si elle se poursuit, va déboucher, immanquablement, sur une explosion sociale. Le capitalisme triomphant est égoïste, et les hausses de niveau de vie ne sont octroyées qu'aux dirrigeants, leurs affidés, et affidés des affidés. C'est à dire les cadres. Employés et ouvriers n'en font pas partie, ils ne profitent pas de l'accroissement du gâteau, bien au contraire. On se promet des réveils chauds.
Le risque est d'autant plus grand que des populations de plus en plus nombreuses fuient les pays les plus pauvres, pour des raisons politiques ou économiques, et tirent à la baisse le prix du travail dans les pays riches. L'immobilier des villes est déjà depuis des années inaccessible aux classes populaires voire moyennes, et si une reprise de conscience n'arrive pas, de plus en plus de biens le seront, automobiles, vacances, loisirs, éducation, culture. Et la révolte arrivera.