L' ombre de la victoire

Le 23/06/2017

Dans Humeurs

Emmanuel Macron a tout balayé, il a écrasé Marine Le Pen qui n'a pas trouvé mieux que de faire du Jean-Marie pour tenter de convaincre qu'elle était la voie de l'avenir ! Il a fait un sans faute dans les 30 premiers jours de son mandat, malgré les affaires et les coups bas de la presse, qui patauge entre recherche de scandales et devoir d'investigations. Il a remporté nettement les législatives, placardisant tous les autres partis, FN et FI compris. 

Une ombre

Une ombre quand même: le taux d'abstention. Certes il est la défaite de tous les partis, et pas seulement de République en Marche. 57% des français ont préféré rester chez eux plutôt que d'aller voter pour REM, mais aussi LR, FN, FI, Modem ou autres petits partis détenteurs de la vérité.
La vraie défaite de REM, c'est l'énormité du taux d'absetntion dans les régions populaires. Ainsi en Seine-Saint-Denis, 20% seulement des électeurs ont cru bon d'aller voter. Les autres, soit 80%, s'en foutent, ou ne croient plus dans la capacité des uns et des autres, modérés ou extrêmistes, droite, centre ou gauche, à améliorer leur difficile condition de vie. Les classes populaires, autrement dit le français dit moyen, est devenu politico-sceptique. Son intérêt pour la politique ne faiblit pas, mais son sentiment que la politique peut changer les choses s'est  fortement émoussé.  

Les raisons en sont nombreuses

Trop vieux nos politicards, trop roublards, trop professionnalisés, trop compromis dans les lambris dorés de la république. Trop à côté aussi des réalités de la vraie vie, englués qu'ils sont par des décennies de mandats politiques, qui constituent bien souvent leur seule activité. Trop obsédés par le renouvellement de leurs mandats.
Trop d'affaires aussi, souvent impunies, trop de promesses non tenues.
Trop d'impuissance aussi devant les dégâts de la mondialisation et de la financiarisation du monde, subie plus que voulue.
Top de mensonges aussi, pour nous faire croire que le pouvoir appartient aux politiques, alors qu'il leur a échappé depuis longtemps au profit des multi-nationales et des marchés.

Alors la victoire d'Emmanuel Macron, ce sont les bénéficiaires du système qui la lui ont donnée, ceux qui sont diplomés, appartiennent à des entreprises qui se battent et survivent.
Ceux qui se sont abstenus, ce sont les autres un peu plus nombreux, qui sont défaits ou ont peur de l'être. Ils habitent des petites villes ou des villages sur le déclin. Ils travaillent dans des entreprises qui n'ont pas su ou pu lutter contre la concurrence internationale, et leur formation et leur âge ne leur offrent que peu de chance de rebondir. Ils sont immigrés de 2ème génération ou plus, vivent dans des cités ghettos, n'ont connu qu'échecs à l'école, et n'ont aucune perspective d'intégration. Pire, ils ont réussi à l'école, ont obtenu de bons diplômes, mais leur origine ethnique leur ferme l'entrée sur le marché du travail.

De bonnes intentions mais ...

Emmanuel Macron est un bourgeois, fils d'un couple de médecins. Fort de capacités hors du commun, il a tout réussi. Il ne faudra pas qu'il oublie que plein de gens qui n'ont pas ses talents n'en sont pas moins intéressants et utiles, et que la mission du politique est que tout le monde puisse vivre décemment. On n'a pas parlé des cités dans la campagne électorale, des sdf non plus, ni des problèmes du logement, des conditions lamentable de transport des citadins, du pouvoir d'achat en berne de la classe moyenne.

Le président Macron devra faire un effort pour regarder la France d'en-bas, qui elle aussi travaille ou souhaite le faire. Il y a urgence pour elle, et pas sûr que la réforme annoncée du code du travail permette rapidement de répondre aux besoins. Pour l'instant, le mécontentement et le scepticisme d'une grande partie de la population se sont traduits par un refus d'aller voter. L'étape suivante pourrait se révéler plus brutale.