Le rêve impossible

Le 05/09/2021

Dans Humeurs

Vague 9f6e86be b2c1 4500 9dd6 f0f35ffac302Le droit d'ingérence a fait place à la "real politik", le rêve s'est effacé devant la réalité. L'humanité n'y gagnera pas en liberté et tolérance. Jusqu'à la prochaine vague.

Quand l'Occident rêvait d'un monde à son image 

1989 et suivantes sonnent le glas du rêve communiste, les pays d'Asie Centrale reprennent leur indépendance, tout comme les pays d'Europe centrale et de l'Est. Dans les pays démocratiques, l'idéologie communiste est en chute libre, pour devenir anecdotique même en France, Italie et Espagne où plus de 20% de la populations ont pu en être partisans.

Le capitalisme triomphe, l'efficacité est préférée au social. L'amalgame est vite fait entre démocratie et capitalisme, liberté politique et libre entreprise, et l'Occident se plait à croire que c'est son modèle entier qui est le bon. Dès lors il faut l'imposer au monde, en Asie, Afrique, Amériques, partout où l'histoire et les cultures ne l'ont pas mis en avant.

Désormais il faut conditionner les relations internationales, l' aide économique, au respect des libertés. Le point culminant est atteint avec l'apparition du droit d'ingérence, qui va jusqu'à la guerre si nécessaire.

On y a cru en occident, ou voulu y croire. On avait le bon modèle, celui que le monde entier ne pouvait pas ne pas nous envier. Il suffirait de presque rien pour que les peuples opprimés fassent sauter le couvercle imposé par les gouvernants autoritaires. Alors le monde serait à l'image de l'occident, libre, efficace, tolérant ! 

 

Des échecs sur toutes les lignes

Après septembre 2001, tout devient permis. Volonté de vengeance oblige, les invasions militaires s'enchaînent, Irak, Afghanistan, Koweït, Somalie, Lybie, Sahel. Non seulement on veut éradiquer l'islamisme qu'on a contribué à faire apparaître, mais on veut imposer à des pays musulmans nos modèle politiques et économiques, comme si nos sociétés basées sur le paraître et l'exploitation de la masse par quelques uns était le meilleur qui soit. 

Quand on n'a pas fait la guerre, on a mis en oeuvre des sanctions économiques créatrices de misère pour le peuple. Ainsi fait en Iran, mais pas pour l'Arabie Saoudite ou le Pakistan, dont les régimes ne valent pas mieux que les ayatollahs.

Le résultat est sans ambiguïté : c'est un pitoyable échec. Là où l'armée est intervenue, de libération elle est devenue d'occupation. Les talibans sont revenus en Afghanistan, l'Irak n'est pas bien loin d'une guerre civile permanente, tout comme la Lybie. L'Iran est tout aussi extrémiste qu'avant les sanctions, et tente de limiter les dégâts en nouant d'autres alliances. La position militaire de la France au Sahel reste plus que compliquée, et tout espoir de victoire militaire est exclu. 

 

Le leadership des pays autoritaires

Pendant ce temps-là, les pays autoritaires ont tracé leur voie, discutant et aidant tout le monde, ne rejetant pas a priori les gouvernements même les plus détestables, au point qu'ils apparaissent aujourd'hui comme les puissances meneuses du jeu du monde.

L'ONU ne pèse plus sur le monde (qui connaît le secrétaire général de l'ONU?), et la pitoyable retraite américaine en Afghanistan, concluant de la pire manière qui soit des années de déclarations exprimant la volonté américaine "d'America first", ont aboli la confiance que l'on pouvait encore avoir en l'ex première puissance du monde. L'Europe aurait pu prendre le relais, mais sa constitution qui la condamne à la désunion lui interdit de jouer tout rôle politique majeur.

La "real politik" l'a emporté pour de longues années, l'Occident a laissé la place aux pays autoritaires peu regardant sur les pratiques des pays qui sont les leurs, et le modèle démocratique, trop souvent confondu avec le capitalisme et l'argent comme valeur unique, est discrédité.

C'est un grand pas en arrière, pour de longues années sans doute, le temps que le monde ait de nouveau envie de rêver.