Un premier ministre pas ordinaire

Le 15/07/2015

Dans Humeurs

Tsipras
Décidément, Tsipras n'est pas un Premier Ministre ordinaire.
Premier Ministre d'extrême gauche d'une démocratie occidentale n'est déjà pas ordinaire. Elu sur un projet politique de pied de nez aux trois institutions financières honnies, le FMI, la BCE, la Commission européenne, et de rejet de toute austérité, il négocie avec tout ce petit monde ...

 

... pour arriver à l'ébauche d'un projet. Démocrate, il soumet ce projet à un référendum populaire, mais, fait peu ordinaire, demande au peuple de voter contre. Le peuple l'ayant suivi, il continue pourtant à négocier, pour un résultat plus dur encore que le projet soumis à référendum. Il le signe. Il le soumet alors au Parlement grec, comme l'exige la règle, demande au Parlement de le voter, en soulignant, fait extraordinaire, qu'il n'y croit pas ! Certes de Gaulle avait été élu pour une Algérie française, et il change d'avis et nomme Debré, partisan du statu quo, de conduire à bien l'indépendance du pays ! Certes aussi Mittérand en 1983 a appelé Mauroy et Delors pour mettre en place une politique de rigueur et de privatisations, à l'antithèse de la politique menée en 81 et pour laquelle il avait été élu. Dans ces deux cas cependant il y avait eu début d'exécution des promesses, pas pour Tsipras.
Au fond Tsipras a cru sincèrement, avant d'être au pouvoir, que les institutions plieraient face à la souffrance du peuple grec. Mais il n'a pas vu que dans une groupement à 19, il ne peut y avoir qu'une seule règle, applicable par tous. Sinon c'est la débandade. Pire il a énervé le plus grand nombre en voulant échapper aux règles communes. 
C'était aides financières avec austérité et réformes ou quitter l'euro. La peste ou le choléra. Lui, il voulait le beurre et l'argent du beurre. Il a perdu. L'austérité, il connait. Un Grexit, c'est une pure aventure. Il a copté pour le terrain connu. 
Si le Parlement entérine l'accord, il aura la charge de conduire sa mise en oeuvre. Il est certainement le mieux placé pour le faire, la classe politique traditionnelle grecque ayant perdu estime et crédibilité. Mais conduire une politique à laquelle on ne croit pas n'est pas le meilleur gage de sa réussite.