Ubérisation - vers une nouvelle société ?

Le 15/07/2015

Dans Humeurs

Contre vents et marées, surfant sur l'ombre d'un souffle de reprise, François Hollande assure toujours pouvoir inverser la courbe du chômage. En 2016.
Est-ce raisonnable?
Le monde est passé depuis 20 ans à l'ère de l'Internet et du numérique. Il s'en est suivi la disparition de millions d'emplois, bien plus qu'il n'en a été crées. Qui va aujourd'hui chez un photographe ...

... un imprimeur, une agence de voyages, une agence bancaire, de réservation de spectacles? Qui achète un logiciel de bureautique, alors qu'on en trouve des gratuits sur le Net ou en partage sur le cloud? Qui achète des cd à la Fnac, des livres chez les libraires, de l'électro-ménager chez les détaillants? Le numérique et Internet détruisent des emplois à la pelle. 
Avec l'ubérisation, on passe à une autre dimension. 
Il s'agit de créer des plates-formes accessibles par n'importe qui, pour faire n'importe quoi, n'importe quand, à un prix très bas. Jusque là, on a permis aux gens de se passer de services payants pour leur consommation personnelle de services. Avec l'ubérisation, on désintermédie des professions pour en rendre accessibles à tous la pratique. Uber ne fait pas disparaître le travail. Il le remplace à l'identique par d'autres travailleurs, indépendants, en dehors des règles sociales. Plus d'impôt, plus de charges sociales, autres que volontaires, c'est une totale dérégulation.

Le mouvement est lancé, qu'on l'aime ou non, on ne l'arrêtera pas. 
Les taxis rouspètent, mais l'histoire est en marche, si ce n'est pas Uber, ce sera Google ou autre, ce n'est qu'une question de temps. La désintermédiation aura raison de la barrière protectrice derrière laquelle ont cru bon de se protéger les taxis pour faire monter les prix des licences (jusqu'à 200 000 euros) aux fins d' assurer un pécule de départ pour leur retraite. On n'a plus besoin d'agence bancaire pour gérer son compte, on n'a plus besoin d'arrêts de taxi pour se faire voiturer, et on n'aura plus besoin non plus, demain, des compagnies. Car ce sont elles qui vont disparaître, pas les chauffeurs. Ils seront clients d'Uber ou autre plateforme, professions indépendantes soumises comme telles à l'impôt et aux cotisations sociales, et clients d'une ou plusieurs plateformes moyennant une redevance. La différence avec aujourd'hui? Ils n'auront plus à payer une licence lors de leur installation, et seront leur propre patron.
Les emplois de demain ne se trouveront pas dans des grandes usines construites à coup de millions d'euros, mais dans ces emplois dont l'accès sera rendu possible par le numérique et l'ubérisation. Le chauffeur de taxi de demain sera ubérisé, fera un peu de bla-bla car, louera sa voiture le week-end. François Hollande et Macron le savent bien, qui tentent de décoincer notre société, qui s'est construite depuis l'après-guerre sur des objectifs de protection des salariés. 
La création d'emplois dépend moins de la croissance que de notre capacité à encourager le développement des activités numériques. Le rôle de l'Etat sera de le stimuler et le réguler. 
C'est un autre modèle de société qui s'avance, il faut s'y préparer, dans les têtes et les règlementations. Le salariat a atteint aujourd'hui ses limites, il génère plus souvent stress que plaisir. Avec la précarisation galopante dans laquelle se précipitent les directions d'entreprises obnubilées par le profit pour le profit, cette nouvelle forme de travail, plus libre et forte de sens, emploiera un nombre croissant de personnes, attirées par l'indépendance et le sens retrouvé. La société ne devrait qu'y gagner.