Apple, les excès du capitalisme illustrés

Le 28/10/2015

Dans Humeurs

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Apple va bien, merci pour lui. Onze milliards de dollars de bénefices nets, +31% par rapport à 2014, 52 milliards de dollars de chiffre d'affaires, + 22%, 206 milliards de trésorerie, de quoi s'acheter toutes les entreprises du monde.
Les grincheux pourront tout juste regarder la partie vide du verre.

Ils remarqueront qu'Apple reste largement monoproduit, 63%  du chiffre d'affaires, et encore davantage des profits, est constitué par la vente d'iPhones. Or le nombre d'appareils vendus est un peu au-dessous des prévisions des analystes. Malheur! Ces messieurs s'attendaient à 48,72 millions de smartphones vendus, alors qu'il n'y en a eu que ... 48 millions ! C'est quand même 8,7 millions de plus que l'an passé. Cherchez l'erreur. Pas chez les analystes évidemment. 
Ils souligneront que le vente des tablettes s'effrite, peut-être parce que le récent iPhone 6 Plus doté d'un grand écran empiète sur les ventes de l'iPad. Mais les prévisions restent bonnes, grâce au marché chinois où Apple cartonne.
Des conditions de travail dénoncées en vain à maintes reprises.
D'autres grincheux s'offusqueront des conditions de travail misérables imposées aux ouvriers fabriquant les produits. Elles sont décriées depuis bien longtemps, mais les changements n'arrivent pas.
"Les bas salaires, les longues journées de travail, les heures non payées, les mauvaises conditions de sécurité et les conditions de vie misérables persistent ». C'est le constat réalisé par l'ONG China Labor Watch sur les conditions de travail dans l'usine à Shanghaï du groupe Pegatron, fabicant de produits Apple. Après leur journée de travail, les employés, logés dans l’entreprise, sont par ailleurs conduits dans des dortoirs bondés et insalubres, équipés de lits « infestés de punaises », décrit l’organisation. Les défendeurs du capitalisme sauvage rétorqueront que la situation s'améliore, la durée hebdomadaire du travail a été ramenée de 63 heures à ... 60 heures. Les autres que rien n'a changé depuis deux ans, et que les salariés ne sont pas informés du danger qu'il y a à manipuler toute la journée des matériaux certes sympathiques mais aussi dangereux que le mercure, arsenic ... "Personne ne leur donne la moindre information sur le moment où ces substances entrent dans le processus de production ou sur les moyens de s’en protéger », assure le rapport. Le New York Times avait déjà allumé Apple sur ces pratiques indignes. Cela a débouché sur un "code de conduite" pour les sous-traitants, sans plus. Apple se fiche des conditions de vie de ses ouvriers, la réduction des coûts avant tout, dit un ancien cadre. Certes ce n'est pas propre à Apple, Huawei, Samsung et les autres font pareil. On a vu dans Cash Investigations avec quel indifférence le président d'Huawei France a refusé de répondre aux questions d'Elise Lucet, la menaçant de faire jouer ses réseaux pour qu'aucun patron ne la reçoive jamais. Une honte! 
Des méthodes commerciales contestables.
Les grincheux, encore, s'indigneront des méthodes commerciales de voyou de l'entreprise à la pomme. Un reportage récent sur France 2 a montré comment Apple ficelle les opérateurs téléphoniques, leur imposant des quota à acheter, des gondoles dédiées et les mieux placées dans les boutiques et même les prix de vente. On aura vu avec quelle violence la journaliste Elise Lucet s'est faite jeter par l'ancien PDG d'Apple France quand elle a voulu avoir des explications que personne chez Apple n'a voulu donner. SFR aurait déposé une plainte auprès de la Commission Européenne. Rêvons qu'Apple soit jugé avec la même sévérité que BNPP!
D'autres râleurs se hérisseront contre le ficelage des clients dans l'univers Apple, où tout est payant et muselé. 

Voilà comment on devient une grande entreprise multi-nationale, leader sur son marché comme on dit. Voilà les valeurs qu'il faut adopter si on veut "réussir". Ou plutôt l'absence de valeurs.

Si on veut que l'amoralité des affaires ne submerge pas le monde entier, il faut que l'analyse financière prenne en compte le respect de valeurs. Le consommateur doit user du pouvoir considérable qui est le sien, montrer son mécontentement en se détournant des produits contraires à la déontologie. Il faut le faire vite, très vite, avant que l'indifférence ne devienne, avec la cupidité, la seule valeur du monde.