Une vision globale

Le 23/03/2020

Dans Humeurs

Le consensus politique s'effrite, les partis n'aiment pas se confiner. Le consensus sanitaire s'effiloche aussi, le confinement pose débat, il faut le durcir pour certains, ce n'est pas la bonne réponse pour d'autres. Le confinement est la pire des solutions, mais l'état de notre système de santé en permet-elle d'autres ?

Confinement

 

 

 

 

Des dégâts
économiques et
sociaux majeurs 

Certains spécialistes veulent encore plus de confinement, crient haro sur les joggers, même solitaires, les promeneurs de chiens, même solitaires, ceux qui vont encore travailler. Pour eux, il faut mettre tout le pays en congés, sauf les hôpitaux et médecins. Et d'autres qui rappellent le bon sens, à savoir que le bon confinement est celui qui concerne les seules personnes contaminées. Le Conseil d'Etat a rejeté le durcissement extrême voulu par certains. Pour l'instant.
L'un des problèmes majeurs des décideurs, c'est l'acceptation par la population. Il s'agit de naviguer entre le risque d'en faire trop, suceptible d'entraîner le rejet du confinement, et celui de trop de souplesse, qui en décrédibiliserait la nécessité.

Ceux qui demandent encore plus de confinement veulent ignorer les conséquences économiques et sociales dramatiques qu'il va entraîner, de la misère et du désespoir qu'il va générer. On ne le chiffrera pas sans doute, mais le bilan pourrait bien être supérieur à celui du covid 19.
Sans vouloir minimiser les risques du coronavirus, on ne doit pas non plus ignorer que les spécialistes et hommes de terrain confrontés au quotidien aux pires difficultés ne sont pas toujours dans la meilleure situation pour prendre du recul, relativiser, avoir une vision globale

L'hôpital n'a pas attendu le coronavirus pour être en crise. Depuis longtemps, les patients attendent des heures au service des urgences, il faut des semaines voire des mois pour rencontrer un chirurgien, un spécialiste, il n'y a de chambres disponibles que parce qu'on raccourcit, abusivement parfois, les temps d'hospitalisation et qu'on a fait exploser l'ambulatoire. Depuis des années, la politique de réduction des coûts imposée aux hôpitaux a réduit le nombre de ceux-ci, diminué les effectifs, découragé les nouveaux entrants, médecins ou personnel soignant.
Depuis longtemps l'hôpital n'a plus de marge de manoeuvre.
Alors quand on vit dans la tourmente d'une crise, on ne voit plus que cela, ça s'appelle la bulle. Pas le meilleur endroit pour prendre du recul ! Le policier voit le monde en noir, le soignant dans un hôpital en crise ne voit que les malades et la difficulté à apporter les soins. Il ne voit plus le reste du monde.

Solution par défaut

 

 

 

 

 

 

Paradoxe

A y réfléchir un peu, le confinement est la solution extrême par excellence : pour éviter le risque de quelques milliers de contagions, on confine 65 millions de personnes, mettant à l'arrêt un pays entier.
La logique voudrait au contraire qu'on dépiste massivement, qu'on impose partout des attitudes de prévention, et qu'on confine, avec isolement,  les seules personnes contaminées.

Mais c'est parce que la France, comme d'autres pays, était démunie de masques et de contenants de gel hydraulique qu'on a opté pour le confinement généralisé, en voulant ignorer qu'il entraînait le risque de contamination de la famille entière.

La France n'a sans doute pas choisi la bonne politique pour lutter contre l'épidémie. Seulement des années d'une politique de la santé centrée seulement sur la réduction des coûts offrait-elle d'autres alternatives ?

Le climat ambiant est anxiogène, on crée la peur pour que tout le monde respecte les règles. Mais il est quand même paradoxal de dire aux malades qui ont le virus de simplement rentrer chez eux, de se reposer, et d'avaler du paracétamol, parce que la maladie n'est pas grave. Tout en soulignant qu'elle peut devenir mortelle si elle dégénère, et qu'alors il faut appeler l'hôpital. Et entre-temps on aura contaminé sa famille, son immeuble ...