Ce dont les écolos parlent peu

Le 11/07/2020

Dans Humeurs

Décroissance, vélo, tri des déchets, voiture électrique, isolation. Tels sont les leitmotivs des écologistes pour résoudre les problèmes environnementaux et climatiques. Une goutte d'eau dans l'océan?

Croissance ou décroissance

Le débat que certaons essaient de lancer est celui qui interroge sur la pertinence de la croissance. 

Le sujet n'est pas réellement traité par les écologistes, qui se contentent de suggérer que la croissance n'est pas une réelle nécessité, et qu'un monde sans croissance doit pouvoir s'envisager.

Sauf que jusqu'à preuve du contraire et dans le système économique que le monde entier a adopté, la croissance est la condition indispensable à l'emploi, à son maitien d'abord, à sa croissance ensuite.  

Ceci est encore plus vrai aujourd'hui qu'hier, et le sera encore plus demain, en intégrant les progrès de productivité jamais connus avec une telle intensité et une telle rapidité. On produit plus aujourd'hui avec moins de personnes, et les emplois créés par les nouvelles activités ont du mal à compenser les emplois perdus par l'obsolescence des produits fabriqués et par les gains de productivité générés par le progrès technique.

Le monde serait donc condamné à produire de plus en plus, sachant que l'activité humaine est par nature destructrice de l'environnement et impacte, pour quelle partie, l'évolution du climat.

 

L'explosion démographique

La croissance attendue de la démographie mondiale ne va guère dans le bon sens, au moins pour les trente prochaines années.

Au début du XIXème siècle, le monde comptait un milliard d'habitants. Il en comptait 2 milliards en 1927, 3 en 1960, 4 en 1974, 5 en 1987, 7 en 2011, et en comptera 8 milliards en 2022.

Les prévisions de l'ONU estiment que la population mondiale s'élèvera à 10 ou 11 milliards en 2050. La transition démographique sera alors faite avec des taux de mortalité bas et stabilisés.
Avec un taux de fécondité de 2 enfants par femme, la population mondiale sera stabilisée, mais elle diminuera si le taux est inférieur, pour disparaître à terme, et explosera si le taux est supérieur. Avec un taux de fécondité de 2,3 enfants par femme (le chiffre actuel est de 2,4), la planète compterait 37 milliards d'habitants en 2300.

évolution des taux de fécondité

Ce qui est sûr, c'est que de 7,5 milliards en 2020, la population mondiale passera à 10 ou 11 milliards en 2050, soit une progression de 33% à près de 50% en trente ans.

Dans les pays en voie de développement, la croissance est une impérative nécessité au moins jusqu'en 2050, sauf à laisser mourir de faim les nouveaux venus,  sous le double effet de la croissance démographique et de la recherche d'amélioration du niveau de vie. L'absence de croissance serait une catastrophe humanitaire.

Dans les pays développés, les injustices restent fortes, et ce n'est que par la croissance que les moins favorisés accèderont à des niveaux supérieurs. Sauf à mettre en oeuvre une politique autoritaire des revenus qui modifierait fondamentalement la répartition des richesses, sans que son efficacité soit démontrée. 

 

 

Concilier croissance et écologie grâce au progrès technique

L'Europe et les EU réunis compteront à peine un milliard d'habitants, soit moins de 10% de la population mondiale. Le salut écologique ne dépendra pas de la volonté des européens de changer les touillettes en plastique pour les mêmes en carton, ou d'utiliser un peu plus le vélo ou leurs gambettes pour se déplacer. Ce sera bon pour la santé, mais ce ne sera jamais qu'une infime goutte d'eau dans un océan de pollution et de CO2.

Si jamais elle est opportune, ce qui n'est pas démontré, la décroissance ne peut concerner qu'une très petite partie du monde, son impact écologique sera faible au niveau de la planète, et les dégâts sociaux pour ces pays risquent d'être drastiques
Mais ne rien changer et attendre que les pays en voie de développement rattrappent notre niveau de vie, en souhaitant aussi que les inégalités à l'intérieur des pays développés s'amenuisent nous mènent tout aussi catégoriquement dans le mur.

Le grand challenge de demain sera de concilier croissance et écologie.
Ce ne pourra pas être croissance ou écologie, mais croissance et écologie. Le progrès technique, ignoré voire méprisé par les écologistes les plus intégristes, devra avoir un rôle déterminant, pour permettre d'utiliser les énergies renouvelables, de généraliser la production de matériaux recyclables, de mieux traiter les déchets, de produire des produits agricoles sains pour l'homme et la planète, trouver des énergies propres. Il faut pouvoir produire "plus propre", et non arrêter de produire.

La décroissance est une chimère d'écolos jusqu'auboutistes. Le monde ne peut pas se regarder sous le seul aspect du climat, aussi important soit-il. Sinon le remède sera pire que le mal.

L'écologie doir devenir économique, en même temps que l'économie doit devenir écologique.