Des soucis en perspective ?

Le 28/11/2018

Dans Humeurs

Gilets jaunes
Le président Macron et son gouvernement nous disent avoir entendu les gilets jaunes. Vraiment ?

Un beau discours à côté des attentes

Les gilets jaunes proclament leurs difficultés à finir les fins de mois, assommés par les taxes et les augmentations diverses peu prises en compte dans l'indice des prix, mais très sensibles pour les bas revenus.

Dans un discours intelligent et fouillé, le président affirme qu'il a entendu les malheurs, et démagogiquement, affirme qu'il entend bien répondre tant aux problèmes de fin du monde qu'à ceux de fin de mois.

Belle formule s'il en est!
Et de décliner les axes stratégiques de la politique énergétique de la France pour les trente prochaînes années, passant au peigne fin les énergies renouvelables comme les fossiles. Mais pour le concret des gilets jaunes, rien d'autre que des petites mesures techniques moult fois proposées dans les dernières années, aux fins d' aider à acheter une voiture plus propre et moins gourmande, ou isoler les logements. 

Il n'y a là rien qui puisse apaiser la colère. Bien sûr ceux qui ont pour seul objectif que Macron dégage resteront sur leur position, il n'y a rien à leur proposer, et personne n'a à les entendre. Mais pour tous les autres qui ont des vraies difficultés, ce n'est que "paroles  paroles "...

L'autisme des décideurs économiques et politiques

Ils seront d'autant plus frustrés, pour le moins, que le 1er janvier arrive la décision de réévaluation du smic. Et le gouvernement annonce ce jour qu'il n'y aura pas de coup de pouce, et il n'y en a plus depuis longtemps, mais seulement la prise en compte de l'inflation. Autant dire "peanuts", quelques euros par mois en plus, une aumône, quand les grands patrons se servent des bonus par millions (prime d'un million d'euros pour le pdg de PSA pour avoir signé l'achat d'une boite en perte depuis des années et dont personne ne veut !)!

Le gouvernement ne peut ou ne veut comprendre que lorsqu'on gagne 1150€ nets par mois, on se fout de savoir si la transition écologique est en bonne voie, on se fout de savoir si demain il y aura ou non des centrales à charbon, on se fout de savoir si le poids du nucléaire sera réduit à 50% en 2025 ou en 2035.

La France a un vrai problème avec ses bas salaires, qui stagnent depuis une vingtaine d'années, et qui s'écartent inéluctablement du salaire moyen ou médian des cadres. La moitié de la France s'appauvrit, les statistiques le montrent et le démontrent, une partie de la France est dans la rue et l'autre partie est sympathisante dans sa grande majorité, mais encore une fois, les décideurs politiques et économiques sont incapables d'entendre. 

Une occasion manquée

Proposer un coup de pouce au smic eût été un signe positif adressé à cette France qui travaille et souffre. 

Dans le discours du président, pas un mot sur les salaires, donc pas un mot sur le pouvoir d'achat ni les fins de mois difficiles !

Il est envisagé des réunions partout où cela sera possible avec des gilets jaunes. Effet d'annonce, sans aucun doute. La pertinence aurait été pour le gouvernement de rebondir sur le malaise exprimé par des français bien au-delà des seuls gilets jaunes, en montrant qu'il avait compris la racine du mal. 

Un coup de pouce donné au smic aurait été bienvenu. Et aussi l'annonce d'une sorte de nouveau Grenelle social sur les bas salaires, histoire de montrer qe le gouvernement a bien entendu les messages, et aussi d'impliquer les employeurs qui sont, il ne faut surtout pas l'oublier, la première cause des fins de mois difficiles.

La CGT semble être plus fine, qui, sans récupérer le mouvement, annonce elle aussi une manifestation pour samedi prochain, avec pour thème le smic et les bas salaires. Si le succès est au rendez-vous, le président et son gouvernement ont du souci à se faire.