Fin de l'Europe?

Le 27/02/2016

Dans Humeurs

Fin europe
2015 et 2016 sont-elles les années qui auront sonné la fin de l'Europe? L'idée européenne paraît bien morte, vaincue par le renouveau de tous les nationalismes et égoïsmes des Etats et des peuples.

Chacun pour soi

L'afflux des réfugiés et migrants est en train de faire sauter l'Europe. L'incapacité de trouver des solutions à la même vitesse que celle de l'arrivée des migrants place les Etats et les peuples qui les composent dans une situation de rejet, chacun tentant de trouver ses propres solutions, dont la première est la fermeture des frontières. Etant en première ligne de par sa situation géographique, la Grèce est la première "victime" de l'exode des populations fuyant la guerre, et celle qui est montrée du doigt par les pays voisins. Tous les Etats limitrophes, généreusement, ferment leurs frontières, et transforment la Grèce en piège à migrants. Les réunions de Bruxelles offrent un spectacle navrant de disputes, invectives, injures, où chaque Etat ne veut plus voir que midi à sa porte. C'est le règne du chacun pour soi, l'esprit européen, avec ses valeurs, a vécu.

On a voulu oublier que le libre-échange 'est la loi du plus fort

Parallèlement, la France agricole est en rage, consciente que l'époque qui s'ouvre est celle sur laquelle se joue sa survie.
L'Europe s'est créée sur le principe fondateur des bienfaits du libre-échange. De la libre circulation des marchandises devait naître richesses et bonheur. 
Or cette vision idyllique est vraie ... pour les plus forts, qui tuent la concurrence, fixent leurs prix et engrangent les profits. A ce jeu-là, l'industrie française a perdu. Des secteurs entiers de l'industrie ont disparu, les plus traditionnels de l'éconmie française comme la métallurgie, le textile, l'habillement, la chaussure comme les plus innovants, informatique, téléphonie, solaire.
L'agriculture a quant à elle été protégée par un Marché commun agricole qui a maintenu pendant longtemps des prix artificiellement élévés. Depuis quelques années, ils ont été libérés. Les prix de marché se sont naturellement établis au niveau des entreprises les plus productives, celui des élevages industriels par exemple, ou des grandes productions fruitières espagnoles. Europe oblige, aucun Etat n'a le droit de subventionner ses producteurs pour compenser l'écart de productivité.

Ou la production s'adapte à l'industrialisation, où elle meurt. 
Soit les agriculteurs s'adaptent, et évoluent vers le gigantisme industriel de nos voisins, dans l'indifférence de la qualité et du respect de l'environnement. Soit ils s'orientent vers une production de qualité, telle qu'elle justifie un prix de vente plus élevé que le consommateur sera prêt à payer. Un "label France" ne suffit pas. 
L'industrie a agonisé pendant de longues années sans qu'aucun politique, autre que l'édile du coin, ne s'en émeuve. Cyniquement, sans doute n'était-on pas fâché de voir mourir une classe ouvrière toujours sujette aux grèves, émeutes voire révolutions!
Aujourd'hui, la classe paysanne n'entend pas mourir sans réagir. Plus homogène, elle se révolte. 
La loi du marché c'est la loi du plus fort. Il aura fallu la mort de l'industrie et le sursaut d'éleveurs qui ne veulent pas mourir pour s'en apercevoir.

Deux des principes fondateurs de l'Europe, liberté de circulation des biens et des personnes, sont gravement remis en cause par les populations. On a vu les limites de la liberté de circulation des capitaux, à l'origine directe des crises financières qui chamboulent le monde périodiquement, et qui a permis le dumping fiscal et social du Luxembourg, Grande-Bretagne, Pologne, et leur satellites Monaco, Andorre, Lichtenstein ... L'Europe ne pourra pas longtemps rester debout sans principe qui la soutienne.