Révolution technologique?

Le 20/02/2016

Dans Humeurs

Progres 1
Les innovations technologiques qui sont en germe aujourd'hui devraient supprimer des dizaines de millions d'emplois de par le monde selon certains experts. Pour d'autres, aucun ! Heureusement qu'aucun Etat n'a de de politique de l'emploi à long terme ! 

Des millions d'emplois supprimés

Selon une projection réalisée par le Forum économique mondial de Davos, les innovations technologiques à venir pourraient provoquer la perte nette de 5,1 millions d'emplois au cours des cinq prochaines années dans quinze pays représentant 65 % de la main-d'œuvre mondiale. Il y aurait suppression de 7,1 millions d'emplois pour une création de seulement 2 millions. Les deux tiers de ces pertes surviendraient dans les secteurs administratifs, selon cette étude qui s'appuie sur une enquête mondiale auprès de cadres chargés de la stratégie et des ressources humaines. 
La conférence annuelle de l’American Society for the Advancement of Science (AAAS), qui s'est tenue à Washington, est allée encore plus loin. Les progrès réalisés ces cinq dernières années en matière d’intelligence artificielle vont permettre de construire des robots capables d’exécuter presque toutes les tâches humaines, menaçant des dizaines de millions d’emplois au cours des trente prochaines années. L’automatisation et la robotisation ont déjà bouleversé le secteur industriel ces quarante dernières années, dopant la productivité au détriment de l’emploi. Le nombre de créations de postes dans le secteur manufacturier a atteint son acmé en 1980 aux Etats-Unis. Depuis, il n’a cessé de diminuer, s’accompagnant d’une stagnation des revenus de la classe moyenne, a expliqué Moshe Vardi, directeur de l’Institute for Information Technology à l’université Rice (Texas). Selon lui, 10 % des emplois qui nécessitent de conduire un véhicule aux Etats-Unis pourraient disparaître en raison de l’automatisation de la conduite.
 

C'est la stagnation qui nous menace

L'économiste américain Robert J. Gordon ne partage pas tout à fait ce pessimisme. Il publie un livre qui devrait être un best seller aux EU "The rise and Fall of American Growth". Pour lui, de 1870 à 1970, les formidables innovations ont bouleversé tous les champs de l'économie et les modes de vie: accès à l'eau courante, à l'électricité, au téléphone, révolution des transports, progrès fulgurants de la médecine. Ces changements ont entraîné une forte hausse de la productivité par tête et ont créé la croissance.
La troisième révolution industrielle - internet, informatisation et robotisation - concerne, pour Gordon, une sphère étroite, principalement le secteur du divertissement et de l'information-communication, qui ne pèse que 7% du PIB. Elle ne bouleversera pas le quotidien des gens dans les mêmes proportions que les innovations passées. Aussi, n'aura-telle qu'un effet modeste sur la productivité, et donc sur la croissance. La menace qui pèse sur nous est la stagnation, avec la stagnation des salaires, l'accroissement des inégalités, la panne de l'ascenseur social.    

Un avenir pas radieux

Ces deux prévisions ont ceci de commun qu'elles annoncent toutes un avenir en rupture avec les années passées. Elles expliquent la morosité qui a gagné une grande partie du monde occidental, et qui semble s'étendre à d'autres continents. 
Si les gouvernants du monde doivent s'appuyer sur elles, alors on peut se demander comment il est encore possible d'être candidat à la gouvernance d'un Etat. Mais les politiques ne voient guère plus loin que le bout du mandat électoral qu'ils guignent. Et puis on sait aussi que les experts ne cessent de se tromper. Le sentiment que demain sera moins bien qu'hier est certainement de tout temps, et montre sans doute que les prospections sont bâties "toutes choses égales par ailleurs", sans prise en compte des changements futurs imprévisibles.

Il reste que la grande foi dans le progrès qui animait les hommes des 18ème et 19ème siècles est rudement entamée, et de plus en plus nombreux sont ceux qui aujourd'hui appréhendent un progrès qui n'est plus perçu porteur d'espoir pour les hommes et qui est destructeur de la planète qu'ils sont censés co-habiter, mais qu'ils ont abusivement accaparée.