La démocratie en risque

Le 21/06/2021

Dans Humeurs

Abstention 2 acd43D'élections en élections, l'abstention vole de record en record. A peine un électeur sur trois a trouvé utile de se déplacer pour aller voter. Comme si deux électeurs sur trois étaient indifférents aux votes, et donc à la démocratie. Danger !

La politique ne change pas la vie

On connaît les raisons de cette indifférence croissante aux élections, conforme aux rejets des politiques qu'on enregistre depuis plusieurs années en France, mais aussi dans un nombre croissant de démocratie.

Pourtant la politique intéresse toujours les français, eux qui attendent tout de l'Etat, plus que n'importe qui au monde.
François Mittérand avait basé une de ses campagnes sur le slogan "changer la vie". La gauche n'a rien changé, et la droite non plus. Et les gens n'ont pas conscience que leur vie, à titre individuel, puisse changer.  Les français sont de plus en plus nombreux à croire que voter ne sert à rien, parce que pour eux, rien ne change jamais.

Il faut ajouter que la mort du rêve communiste à mis fin à l'espoir d'un monde meilleur bâti sur un système économique plus généreux et plus humain que le capitalisme. Il faut dire que ce dernier s'est considérablement durci depuis les années 80, et que le capitalisme de papa, un peu paternaliste et où les syndicats étaient un contre-pouvoir, a fait place à un capitalisme financiarisé et mondialisé, impitoyable, déshumanisé, où la recherche du profit maximal justifie les pires pratiques, délocalisation, plans sociaux, productivisme à tout crin, évasion fiscale. Qui plus est ce capitalisme sauvage semble sans contre-pouvoir, avec des syndicats très affaiblis et un Etat impuissant. 

Paradoxalement ce n'est pas contre les pdg de ces grands groupes que la colère se lève, la peur du licenciement fait taire toute révolte contre l'entreprise, mais contre l'Etat, lâchement, et ses représentants que sont les gouvernants, les élus, les partis.

Pourtant, le "quoiqu'il en coûte" qui a permis aux français de limiter les dégâts pendant la crise sanitaire, a montré à tous l'utilité de l'Etat et de ses représentants. Cela semble profiter, un peu, à Emmanuel Macron, mais pas du tout aux gouvernants et aux élus.

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La démocratie en péril

Les démocraties "illibérales", voir les régimes autoritaires à la russe ou à la turque, quand ce n'est pas à la chinoise, attirent un certain nombre de personnes. Celles-ci n'ont pas connu le nazisme, l'occupation, n'ont pas connu, ni de près ni de loin, les luttes pour la liberté. Ils ne voient pas non plus les peuples russes, turcs, iraniens, hongkongais, arabes et tous les autres, être brimés, emprisonnés, tués pour l'obtention de ces libertés qui nous paraissent si naturelles qu'on les snobe.

Combien notre désinvolture doit leur paraître une insolence à leur égard ! On ne veut plus être dérangé par un déplacement au bureau de vote, la maison de campagne, le tour au parc ou la balade à vélo sont préférés au dépôt du bulletin de vote.

Le résultat en est des élus mal élus, à la légitimité sujette à contestation. Et la crédibilité des hommes et des femmes politiques, pourtant largement plus désintéressés et soucieux de l'intérêt général que les dirigeants d'entreprises, jamais remis en cause, en est entamée.

Cette apparente indifférence pourrait bien un jour être mise à profit par un "illibéral" comme on en voit tant. On  passera alors dans le camp des peuples muselés, il nous restera nos yeux pour pleurer le temps béni des libertés. Nous assisterons impuissants et désolés à l'inconscience des privilégiés des démocraties restantes, vautrés dans l'égoïsme et la recherche du plaisir, oublieux que la démocratie s'use si on ne s'en sert pas.

Nos pères se sont battus des siècles contre l'arbitraire des pouvoirs, notre égoïsme et notre paresse menacent d'abattre les fruits de ces conquêtes.

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