Contre-sommet

Le 24/08/2019

Dans Humeurs

ContersommetA côté du G7, représentant le monde industrialisé et défenseur du système, se réunissent des milliers de personnes désireuses d'un changement radical, partant du principe, justifié, que la clé de nos maux a sa source dans le capitalisme et son évolution.

Un constat impitoyable

Ils sont plusieurs milliers décidés à faire entendre une voix contraire à celle censée être diffusée par les présidents des sept plus riches pays du monde. Leur constat est impitoyable : le capitalisme financier qui domine le monde entier le fait courir inexorablement à sa perte. Et peut-être plus vite encore que ce que les plus pessimistes peuvent croire. Ce ne sont pas les effroyables incendies qui ravagent le poumon du monde qu'est l'Amazonie qui pourront en faire douter.

C'est un leitmotiv ici que de de déplorer l'évolution qu'a connue le capitalisme depuis la mort du communisme. Sans opposition idéologique, sans solution alternative connue, en établissant l'augmentation de valeur de l'entreprise - vue comme la capitalisation boursière - comme la finalité ultime, en asservissant les hommes à son seul intérêt, en rendant impuissants les Etats, le capitalisme mondialisé et financiarisé conduit l'humanité dans le mur. Il aura auparavant détruit la vie de la plupart des espèces animales.

La liberté de circulation des capitaux jointe à la concurrence fiscale des Etats,  ont crée des paradis fiscaux, et ont élevé en principe de bonne gestion l'optimisation fiscale, qui se confond de plus en plus avec la fraude. Ainsi les personnes, physiques et morales, échappent de plus en plus à l'impôt, et mettent à mal les finances des Etats et remettent en question le consensus social.

Pour plus de profit, la croissance de la production de biens et services est toujours la base de l'emploi et donc de la vie des peuples. Pour un profit toujours plus grand, les investissements de productivité se multiplient,  faisant naître un besoin de croissance toujours plus fort pour maintenir l'emploi. Quand on sait que production et croissance ne vont pas dans le sens de la préservation de l'environnement - épuisement des ressources naturelles, pollution des sol et de l'air, réchauffement climatique - on ne peut qu'être inquiet sur l'évolution du monde
 

Consensus ou presque sur le constat

Ce constat, tout le monde ou presque en est d'accord. A l'exception de Trump ou Jolsonaro ! 

Mais où sont les solutions?

La plus grande partie du monde n'a pas le niveau de développement des pays industrialisés. Au nom de quoi lui refuser de manger à sa faim, d'avoir des emplois et un pouvoir d'achat suffisants, d'avoir accès aux soins médicaux. Au nom de quoi lui refuser l'accès aux biens qui simplifient la vie des pays riches, automobile, produits életro-ménagers, médicaments, habitat de qualité ?

Comme on l'a vu, l'économie est mondialisée, pour le meilleur et pour le pire.

Le pire, c'est la compétition internationale, qui oblige à la compétitivité, qui passe par la productivité, la robotisation, l'automatisation, l'épuisement des ressources naturelles, la dégradation de l'environnement, la surconsommation. L'homme a été transformé en homo economicus, dont la première qualité doit être de consommer de plus en plus. 
Le meilleur, c'est le contact entre les hommes, politique, commercial, touristique. Un pas décisif vers ce qui pourrait être un jour l'apparition du sentiment d'appartenir non à une tribu, religion, ville, nation, mais à la planète Terre.
Les frontières se sont ouvertes, démodant jusqu'à ces dernières années le protectionisme et le nationalisme, qui débouchent toujours sur la guerre.

Le modèle reste à inventer

Conserver le bon et jeter le mauvais du système actuel, voilà ce à quoi il faut s'efforcer de réfléchir, sachant que les niveaux de développement des pays sont très différents, et que la compétition internationale menace toujours de mettre à mort les entreprises qui ne sont plus compétitives.

Même avec un gouvernement mondial le résultat ne serait pas assuré. Alors avec des Etats concurrents et de niveaux hétérogènes, le défi paraît impossible. Les partisans de la transition écologique ne présentent guère d'autre solution que de taxer les activités non écologiques, au risque de faire disparaître les entreprises concernées par perte de leur compétitivité. Les limitations des importations ne répondant pas aux normes aura pour conséquence immédiate le même limitation de nos exportations. Au final, c'est l'emploi qui trinquera.

Pire le risque est grand pour le pays protecteur de rester à la traîne des innovations technologiques, et de parvenir à un degré d'obsolescence de son économie semblable à celle des pays de l'ancien bloc communiste. 

Cessons la démagogie

Aller voler les photos d'Emmanuel Macron dans les mairies est médiatique, mais enfantin, dérisoire, démagogique et mensonger. Car il laisse à croire qu'un seul homme est responsable de la situation, alors que c'est le système capitaliste mondialisé le grand responsable de la situation.

Le grand défi de demain va être de savoir faire évoluer le système, à défaut de pouvoir le remplacer.

Mais aucun Etat ne pourra jouer tout seul dans son coin, le risque serait trop fort de voir son économie se désagréger. Une Europe forte est la condition sine qua non, on oublie trop souvent que l'Europe est écoutée parce que c'est le premier marché du monde, et que son prestige patrimonial et culturel est sans exemple.

Seule une Europe unie peut avoir le rayonnement suffisant pour faire évoluer les règles du jeu économique mondial, et que le monde entier les applique. On en est encore loin, et pire, on peut croire qu'on est en train de reculer.