Il pèse sur le monde

Le 10/08/2025

Dans Humeurs

Il est fantasque, narcissique, primaire, est-ce pour cela qu'il pèse autant sur le monde ?

Trump, un personnage hors-normes

Il n'est pas sympathique, il est orgueilleux, prétentieux et narcissique, il est à l'opposé de l'humaniste éclairé qu'on aime en Europe, il est brutal et égoïste. Il est America and Trump first, il adore l'argent et le business, qui est la fin de tout, il est macho, adore humilier les faibles. Pour Trump, la forme prévaut sur le fond du moment que cela fait le buz, que cela amuse, fait peur, fait rire, même aux dépens des autres, fait la une. Trump, c'est celui qui veut avoir tous les pouvoirs, plus que Biden, Clinton et autres Obama, hostile aux contre-pouvoirs qui l'empêchent de gouverner en rond. A ce titre, il hait les juges qui entendent faire respecter le droit, les parlementaires et gouverneurs démocrates, la presse critique et les intellectuels, et toutes les personnes qui réfléchissent.
Son rêve est de faire fi des règles démocratiques qu'il perçoit comme frein à ses pulsions de pouvoir, et regarde avec envie l'étendue des pouvoirs des dictateurs.
Faire peur est sa méthode, tant vis à vis des citoyens américains que de ses alliés européens et autres. Le Secrétaire Général de l'OTAN et la présidente de la Commission Européenne l'ont bien vécu, qui se sont aplatis devant lui, pas loin de l'humiliation.

Quand il a été réélu, à la surprise des européens, et à leur plus grande déception aussi, tout le monde s'attendait aux mêmes déboirs que lors de son premier mandat.
On se gaussait de ses rêves d'économies budgétaires, de paix en trois jours imposée à la Russie de Poutine, de redressement des finances de l'Etat par les barrières douanières, d'une politique migratoire limitant vraiment l'immigration. On appréhendait le retour des EU à une politique isolationiste, une "America great again" repliée sur elle-même et se désintéressant du reste du monde.

Trump, sans foi ni loi

Trump transgresse tous les codes, flirte avec l'autoritarisme, quand il donne les pleins pouvoirs à Musk qui traite des dizaines de milliers de fonctionnaires avec une inhumanité rare et un manque de respect et de reconnaissance absolu.
Il agit envers les migrants de la même manière, séparant les familles, kidnappant les présumés sans papiers et en en jetant une bonne partie dans des prisons aux conditions de maltraitance extrêmes, se riant des européens qu'il flatte quand cela le met en avant, qu'il traite en dérision dans les situations contraires. Dans le salon ovale, il a osé rire de Volodymyr Zelensky, le président d'un Etat victime d'une agression comme les pays civilisés n'en font plus. Il affirme tout et son contraire presque dans le même instant, jouant à déstabiliser ses interlocuteurs, jusqu'à les faire douter qu'ils sont alliés.
Trump, c'est un homme sans foi ni loi, obsédé par sa grandeur, celle de l'Amérique, et de sa fortune personnelle.

Et Trump, si ça marchait ?

Trump secoue tous les cocotiers, il hérisse le poil du plus grand nombre, il impressionne et fait peur, il déstabilise par son imprévisibilité.

Mais si ça marchait ?
Depuis des décennies, on reproche aux EU ses déficits budgétaires et de balance commerciale, permis par le statut du dollar de monnaie internationale de paiement et de réserve.
Pourtant, sa politique drastique, arbitraire, égoïste, de droits de douane ne va t-elle pas dans la bonne direction ? Il est conscient des conséquences perverses de la mondialisation, et des effets néfastes qu'elle a pu avoir sur certains aspects de l'économie américaine. Alors il met les pieds dans le plat, et s'appuyant sur sa personnalité et un culot hors-norme, il explose les droits de douane afin de limiter les importations et remplir les caisses de l'Etat. Là où en Europe on n'ose pas même entamer la réflexion, toujours sûrs des bienfaits de la mondialisation et du libre-échange, Trump choisit, et agit. Il ose !

Après l'invasion de l'Ukraine par les troupes du grand chef russe, Macron et d'autres ont tenté d'entamer le dialogue avec Poutine, avent de comprendre qu'il les baladait. Trois ans après, Trump reprend le flambeau, ses fanfaronnades de paix en trois jours sont balayées, il se fait balader aussi par le russe, mais le 15 août prochain une rencontre est prévue, avec peut-être la présence du président ukrainien. Quoiqu'il advienne de cette réunion au sommet, c'est un progrès immense, la paix est impossible sans dialogue, et ce à quoi les européens ont renoncé, Trump l'a obtenu. Il a osé !

Au Proche-Orient, il n'a pas réussi à stopper la folie guerrière de Nétanyaou. Mais le veut-il vraiment ? Par contre il a cloué le bec de l'Iran, par une guerre des douze jours aussi décisive qu'inattendue. Il a montré par là-même la puissance de l'Amérique, et que le pacifisme présumé de son président avait des limites. Il a osé !
Encore tout dernièrement, Trump semble avoir eu un rôle décisif dans l'accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, entre l'Inde et le Pakistan, le Congo et le Rwanda.

Que cela plaise ou non, Trump fait bouger les lignes, et a des résultats. Par ses méthodes clivantes et dissonantes, il réussit à débloquer des situations qu'on croyait définitivement fermées.
Trump choque, heurte les élites, bien pensantes ou non, plus habituées aux négociations feutrées qu'aux menaces et propositions de deals.
Mais l'affairiste Trump qui ne porte pas aux nues les principes du libre-échange, reste à l'écoute du peuple Maga qui l'a élu, à la différence de beaucoup d'européens bien assis sur leurs certitudes et indifférents à l'injustice sociale croissante.

Il ose, et alors qu'en Europe le populisme prospère sur le sentiment d'immobilisme et d'impuissance des gouvernants, Trump ose la disruption. Et il pèse sur le monde, comme rarement un président.

Pour le meilleur ou pour le pire ? L'avenir le dira.