Des anciens grands pdg proposent : il faut gérer l'équipe de France de foot comme une grande entreprise

Le 10/07/2018

Dans Humeurs

Ballon foot
Comme tous les français, nous, anciens présidents de très grandes entreprises, apprécions les résultats de l'équipe de France de football et de son management, et aimons l'esprit d'équipe qui en fait la force. Son actuel manager, DD, n'y est évidemment pas étranger.

Mais de  même qu'il faut une lessive qui lave plus blanc que blanc, il nous faut chercher à faire mieux que mieux.
C'est pourquoi, nous présentons ici des propositions pour que l'équipe de France de football soit plus performante que performante, et pérénise ses succès par une organisation moderne et efficace, calquée sur celle des grandes entreprises.
Car c'est bien parce que le système actuel marche qu'il faut le changer.

Un président qui préside

En premier lieu, nous considérons qu'il est malsain qu'une seule personne cumule les fonctions de patron, entraîneur et sélectionneur.

Nous proposons donc la nomination d'un président qui préside, et qui n'aura plus à se salir ni les mains en manageant les joueurs,  ni les pieds en gambadant sur les stades.
A l'instar des ministres et des PDG, il devra se faire assister par un cabinet, qui sera la transition entre lui, l'entraîneur et le sélectionneur, et le protégera de la vulgarité de la plèbe.
Comme les membres du cabinet, le président devra par préférence avoir fait sa carrière en dehors du monde du football, afin d'avoir le recul et la neutralité indispensables à sa fonction. La naïveté et la fraîcheur de l'incompétence amuseront les besogneux, au moins dans un premier temps, en leur laissant bêtement espérer que leur compétence les fera reconnaître et respecter ! 
Pour qu'il ne succombe pas aux improbables appels de la concurrence étrangère, il conviendra de lui apporter d'importantes rémunérations, par exemple un joli bonus d'entrée, des salaires mirifiques avec bonus non liés aux résultats, sauf quand ils sont bons (si si, ça peut arriver), et bien sûr une retraite chapeau (style haut-de-forme), puisqu'il n'aura pas le temps en trois ans, durée de vie moyenne d'un président, d'assurer une retraite en adéquation avec sa cupidité.
Pour faire démocratique, il s'entourera d'un conseil d'administration, dont il aura choisi lui-même les membres et une rémunération suffisante pour en faire ses éternels obligés.  

L'entraîneur et le sélectionneur seront bien distincts, et pourront avoir fait leurs preuves dans le monde du football, sans que ce soit une nécessité. Quelques mois dans le cabinet du président, ou d'un quelconque ministère feront l'affaire, voire un poste de préfet ou de sous-préfet. Tous deux sont nommés par le président, auquel ils doivent rendre compte. Leur rémunération est fixée par le président, comme la durée de leur mandat, résiliable par ailleurs par la seule volonté de ce dernier.

Ainsi l'équipe de direction fera-t-elle bloc derrière son président, avec une seule motivation : le fric.

Une nouvelle organisation

L'organisation actuelle repose sur un manager charismatique et compétent, capable de sélectionner les joueurs les meilleurs ou en devenir, et de faire naître entre eux un esprit d'équipe partageant le même objectif : gagner.

De plus, DD est un patron apprécié de ses joueurs, qu'il bichonne, rassure, console, apporte confort et confiance.

Il manage dans la bienveillance et l'empathie, pour le plus grand bonheur des joueurs qui l'expriment avec efficacité sur le terrain.

Certes cela réussit, mais il est bien entendu que c'est un mode de management du 18ème siècle, du temps où le travail avait un sens, où le compagnon était reconnu et respecté, d'avant la révolution financiero-capitalo-industrielle. 

Ces pratiques d'un autre âge, rappellent trop le paternalisme qui a sévi le siècle passé, et génèrent des dépenses très importantes, 23 joueurs à rémunérer grassement, à entourer, à rassurer et caliner, à emmener dans des compétitions lointaines, et à rémunérer sans que cette rémunération soit liée au résultat.

Nous proposons deux mesures visant à alléger les charges dues au sureffectif, et à substituer au choucoutage des joueurs par le management le climat de rigueur,  froideur, irrespect et non reconnaissance qui font les succès de l'entreprise moderne d'aujourd'hui :

- Développement de la polyvalence
Avons-nous besoin de 23 joueurs au total ? Statistiquement, la plupart des remplaçants ne jouent pas, ou alors dans le seul but de leur faire plaisir. Le nombre total de joueurs sélectionnés pourrait être très profitablement ramené à 14 ou 15.
Nous viserons à augmenter la productivité des joueurs, en augmentant leurs objectifs de buts par match et de kilomètres parcourus. Nous proposerons à la FIFA  de ramener à 8 ou 9 l'effectif de l'équipe de France. 
Chaque joueur est aujourd'hui affecté à une place bien particulière. Nous sommes persuadés que l'intérêt tant de l'équipe que des joueurs gagnerait à ce que tous soient à même de jouer à tous les postes. C'est souvent partiellement le cas entre postes voisins, mais il faudrait l'élargir et le systématiser à tous les postes. Le cas du gardien de but sera mis à l'étude.

La polyvalence sera donc généralisée, au détriment de l'actuelle spécialisation, génératrice de rentes de situation, sur-rémunérations, postures attentistes, telles celles de l'avant-centre immobile dans l'attente qu'un partenaire veuille bien lui prêter le ballon.
L'économie d'effectifs dégagée par la polyvalence permettra donc de réduire les effectifs sur le terrain, qui pourront être ramenés à 8 ou 9 joueurs, avec une productivité en hausse parce que des objectifs clairs et ambitieux leur auront été assignés.

- La sous-traitance délocalisée
Aujourd'hui, l'équipe est composée de joueurs bien français, hiérarchiquement dépendants. Or on sait que la gestion des hommes et des compétences est quelque chose de compliqué, coûteux, en un mot, chiant. 
Sachons donc oser et innover, et prendre exemple sur nos grandes multi-nationales qui ont su confier à d'autres, loin de la France, la corvée de produire et gérer. L'Allemagne, le Brésil, la Belgique, mais le Japon aussi et peut-être demain la Chine, jouent au ballon rond aussi bien que nous ou presque. D'où l'idée, que nous mettrons à l'étude aussitôt que vous nous aurez confié la gestion de l'équipe de France, de faire un appel d'offres auprès de pays sélectionnés. Une seule équipe représenterait dès lors les deux pays, d'où des économies de frais importantes, qui compenseront les rémunérations nouvelles du président et de son équipe.

Pour la mise en place de ces deux objectifs fondateurs, nous créérons un service de contrôle de gestion, dramatiquement absent actuellement. Nous le ferons à effectifs constants, par compensation avec une réduction du nombre de médecins, kinés, ostéopathes, diététiciens et autres soigneurs, dont le nombre sera adapté à la nouvelle donne des effectifs.

 

Et après-demain ?

A partir de là, on imagine le jour merveilleux, où un seul pays sous-traitera pour le compte des pays du monde entier.

Alors on économisera sur les stades, les rémunérations extravagantes des joueurs, l'organisation des compétitions, on accroîtera le bonheur de l'humanité,car vous avez compris que tous les pays seront champion en même temps, sans avoir joué le moindre match. Il restera à débattre de la pertinence à délivrer encore des coupes. Mais reconnaissons que 200 coupes seront bien peu de choses par rapport à tout l'argent économisé.

On pourra dire sans doute que cette nouvelle organisation, aussi pertinente soit-elle, aura tué le football.

Certes, mais nos talents de PDG visionnaires n'ont-ils pas tué ou nui à Péchiney, Lafarge, Alcatel, Alsthom, Moulinex, Kodak, Mammouth, PanAm, Amoco, Lehman Brothers, Enron, Compaq, Honeywell Bull, Rover, TWA, Boussac, Biderman, Thomson, Elf, Euromarché, Yves Saint Laurent / Sanofi, Daimler Chryler, Opel demain, et tant d'autres, sans que nous, qui en étions les présidents, en vivions plus mal pour autant?