Montupet - Pour que l'Histoire ne se répète pas

Le 17/10/2015

Dans Humeurs

MontupetMontupet est une vieille PME tricolore, fondée à la fin du XIXème siècle par Pierre Montupet, qui crée dans son jardin de Nogent-sur-Oise un atelier pour fondre cuivre et bronze. L'atelier grandira en s'engouffrant opportunément dans l'explosion du secteur automobile.

Elle survivra aux deux guerres, passera à l'aluminium, entrera dans le giron de Péchiney,  le grand producteur national de l'époque. En 1986, Péchiney cède l'affaire à 4 cadres, dont l'actuel président, Stéphane Magnan.
L'affaire connait ensuite des hauts et des bas, avec notamment une reprise malheureuse en 2009 des Fonderies de Poitou dont le dépôt de bilan ne pourra pas être évité. Des usines sont fermées, dont celle symbolique de Nogent-sur-Oise. Mais depuis, Montupet s'est redressée, l'affaire est saine, le chiffre d'affaires 2015 doit progresser de 15% pour dépasser les 500 millions d'euros, la marge nette atteindra 10%, chiffre exceptionnel pour le secteur.

Seulement les dirigeants prennent de l'âge, et n'ont pas d'héritiers à même de leur succéder. Une banque a donc été chargée de trouver un repreneur. AH! des repreneurs il y a eu. Mais pas en France! pas en Europe non plus! L'industrie n'a plus la cote sur le vieux continent. Ils viennent d'Inde les candidats à l'achat, d'Amérique du Nord, de Chine. Montupet sera donc canadienne, rachetée par Linamar. C'est un équipementier automobile en croissance, toujours dirigé par la famille fondatrice. Les produits fabriqués par Montupet sont complémentaires des canadiens, donc pas de risque a priori de plan social pour les 3200 salariés français. Dont acte.
Il reste que le centre de décision sera transféré de Clichy à Guelph dans l'Ontario. Les anciens et les méfiants se souviendront du grand Péchiney, lui aussi racheté par un canadien, une opération gigantesque pour l'époque qui devait en faire le numéro un mondial de l'aluminium. On sait ce qu'il est advenu de ce que Rocard appelait "une grande victoire pour la France". La mayonnaise n'a jamais pris, Péchiney a été revendu à un australien. Aujourd'hui Péchiney n'existe plus, un des fleurons de l'industrie française a coulé dans les poubelles de l'histoire économique, comme un trop grand nombre d'entreprises françaises petites et moyennes.
Espérons que l'Histoire ne se répètera pas.