Et Taco s'est rebiffé

Le 23/06/2025

Dans Humeurs

Ainsi Taco a osé. Pour la 9ème ou 10 ème fois depuis la dernière guerre mondiale, les EU entrent en guerre, faisant fi des échecs passés.

D'un côté un dirigeant israélien qui a besoin de la guerre pour convaincre qu'il est irremplaçable et ainsi sauver sa peau.
De l'autre, le dirigeant de la plus grande puissance militaire du monde, qui se revendique "peace maker", disposé à casser les baraques mais réputé se  dégonfler, pris au piège du choix cornélien entre reculer encore une fois, ou succomber aux pressions de Bibi Netanyahou en lançant les EU dans une nième guerre.
Il n'y avait pas de bon choix pour lui, alors il a fait comme presque tous les présidents US avant lui, il a choisi la guerre, confirmant le rôle de gendarme du monde que les EU jouent depuis quatre vingt ans, et dont il avait promis la fin à son peuple Maga.

Et maintenant?

Le premier objectif affiché de la guerre lancée par Israël est la destruction du potentiel nucléaire de l'Iran.
A entendre les deux chefs d'Etat, c'est fait. Avant les bombardements, et si tant est que l'Iran avait "sacrificielllement" l'intention de s'euthanasier en lancant une bombe atomique sur Israël, personne n'avait prouvé la mise en oeuvre de la construction d'une bombe atomique iranienne, même si elle est très probable. Ce qui est certain, c'est qu'il aurait fallu encore plusieurs mois voire années pour qu'elle soit opérationnelle.
Américains et israéliens se congratulent à l'envi considérant les objectifs atteints.
Pourtant les bombardements israéliens ne cessent pas, les experts sont dubitatifs et attendent pour voir, et au moment d'écrire ces lignes, Téhéran, capitale de dix millions d'habitants, est bombardée comme jamais. Les objectifs ne seraient donc pas atteints ?

Le deuxième est la chute du régime islamiste.
On ne voit pas les ayatollahs au pouvoir se précipiter aux pieds des américains pour implorer la paix, et rien ne montre que la population s'agitera pour renverser un régime honni par le plus grand nombre certes, mais représentant "ce grand et vieux pays" qu'est la Perse. 

Il n'est donc pas sûr du tout que ces bombardements dont on connaîtra peut-être bientôt le nombre de victimes, fassent tomber le régime, et il ne faut pas exclure que l'acharnement destructeur d'Israël dont a besoin Netanyahou pour éviter la prison ne rassemble pas au contraire une grande partie des Iraniens dans la défense de leur pays agressé.
 

A t-on déjà vu une armée gagner une guerre à coups seulement d'aviation et de bombardements? A ma connaissance, seule l'utilisation de l'arme atomique a rendu cela possible, après Hiroshima et Nagasaki, du fait des Etats-Unis!
Les EU n'enverront jamais de soldats en Iran, non plus qu'Israël, qui, de par sa taille, n'a pas une armée de terre à la dimension de l'Iran.
On peut donc craindre que Netanyahou compte sur le harcèlement de l'Iran par des bombardements civils et militaires à grande échelle dans l'espoir d'amener les ayatollahs à la reddition, ce qui n'est pas gagné, ou la population à se révolter contre leurs dirigeants, ce qui n'est pas acquis non plus.

Et quand bien même ? L'opposition politique n'est pas structurée, aucun leader ne se dessine, comme c'est le cas dans les régimes autoritaires qui met en prison les personnalités montantes, et gageons qu'une révolte populaire serait aussitôt récupérée par l'armée et/ou les gardiens de la révolution et/ou les milices et/ou les minorités, et que l'anarchie et le chaos submergeraient vite le pays. 

Cette intervention meurtrière des EU est une régression formidable de l'humanité, parce qu'elle renie le droit international qui seul pourtant est en mesure d'apaiser les conséquences morbides des egos des dirigeants qui nous gouvernent.
Quand deux des cinq Etats qui président l'ONU entrent en guerre alors que rien ne les menace, c'est un coup mortel porté au multilatéralisme et ses institutions, et un blanc-seing donné à la loi du plus fort en vigueur au temps de la préhistoire. Et quand les démocraties européennes, volontiers donneuses de leçons, se taisent et refusent d'afficher le moindre désaccord, pire quand, comme l'Allemagne, elles ne montrent pas leur lâcheté en reconnaissant qu'Israël fait le sale boulot", c'est accepter le règne de la loi du plus fort.
La guerre lancée par Netanyahou et récupérée en marche par Trump n'est pas une guerre de légitime défense. Aucun de ces deux pays n'a été agressé ni menacé de l'être. C'est une guerre préventive, de précaution, pour le cas où.
Alors pourquoi ne pas s'en prendre aussi à la Corée, où le dirigeant est vraiement inquiétant, à la Russie, gouvernée par un dictateur qui rêve de restaurer les vieux empires, à l'Inde, qui évolue vers un hindouisme radical et sectaire, à la Chine, qui menace Taïwan et asservit ses minorités, aux EU, présidés par un président dont la personnalité n'aurait jamais dû lui permettre d'accéder au pouvoir, à Israël, porteur de la bombe lui aussi et volontiers va-t-en guerre, aux européens, hypocrites donneurs de leçons responsables des plus graves crimes contre l'humanité ...

Donc c'est parti, je te bombarde, tu me bombardes, je te rebombarde, tu me rebombardes, je te rerebombarde, tu me ... et tout le monde se bombarde pour le plus grand bonheur des marchands d'avions et de bombes, du réchauffement climatique, et du bonheur de l'humanité.