Que peut la politique

Le 26/08/2017

Dans Humeurs

Le libéralisme économique est le système adpoté par la quasi-totalité des pays. Depuis une trentaine d'années, il s'est mondialisé avec une liberté croissante du commerce, et a changé de nature avec le triomphe d'un capitalisme affiché sans vergogne, qui, financier et mondialisé, impose au monde entier sa loi implacable de la course au profit. L'entreprise qui veut survivre doit s'y soumettre, question de vie ou de mort. Quelle est dorénavant le pouvoir de la politique?

Trois segments de population

Il y a des millions de façons de stratifier la société française. Une très grossière peut se contenter de distinguer trois segments de population.

Le premier comprend la partie de la population intégrée dans la société et le système. Elle a profité de la mondialisation, en suit les évolutions, voit son niveau de vie s'accroître, voire exploser. Ce sont les dirigeants et cadres d'entreprises, professions libérales, commerçants urbains et des centres commerciaux. Cela ne veut pas dire qu'elle nage constamment dans le bonheur, elle subit stress et pressions pour rester dans la course. Le travail occupe une part importante de son temps, un travail qui a tendance à perdre son sens sous l'effet des pressions de toutes sortes pour accroître indéfiniment et sans raison autre que le profit accaparé par quelques uns, actionnaires et élites dirigeantes.

Le deuxième comprendrait ce qu'on appelle la classe moyenne et populaire. Des blancs en majorité, employés, ouvriers, petits commerçants, vivant dans les villes ou dans la ruralité, qui travaille mais sans espoir véritable de voir sa condition s'améliorer. Dans les entreprises, leurs salaires restent stables, les pressions s'accroissent pour plus de productivité, et les risques de délocalisation, fermeture, plan social pèsent sur eux comme une menace diffuse et permanente.

Le troisième comprend les chômeurs et travailleurs précaires, les immigrés sans emploi, la population des cités ghettos. Cette population est à côté de la société, n'a que peu d'espoirs de l'intégrer, et vit dans la marginalité des petits boulots, assistance, trafics divers.

La condition des premiers dépend exclusivement de l'entreprise, elle-même soumise à la loi du marché désormais mondial et capitaliste. Déployant leur activité dans le monde entier, elles ne dépendent d'aucun pays en particulier. Leurs dirigeants savent faire pression là où il faut pour empêcher les Etats de limiter leurs possibilités de profiter en rond, mettant en avant la nécessaire compétivité pour lutter contre la concurrence étrangère, la menace de délocalisation ou de fermeture pure et simple. Leurs dirigeants se sucrent à coup de dizaine de millions, les cadres jugés stratégiques se voient attribuer des miettes histoire d'en faire des complices et d'acheter leur conscience.
Dans un marché mondialisé, où beaucoup de barrières douanières ont sauté, la réglementation doit s'attacher à ne pas mettre en péril la position concurrentielle de l'entreprise, sauf à ce qu'elle soit mondiale. Et quand bien même elle serait mise en oeuvre, l'entreprise multi-nationale a le pouvoir d'en limiter les effets en faisant jouer pertinemment sa présence dans de multiples Etats.

La classe moyenne

Depuis trente ans, son pouvoir d'achat stagne, comme son importance, même si elle constitue le strate le plus important de la société. Un petit nombre la quitte pour gagner la classe ci-dessus décrite, d'autres pour rejoindre celle des plus défavorisés. La mondialisation l'a bouleversée, elle fut la première victime de la course à la productivité. Fermetures de sites, délocalisations, pressions de toutes sortes, l'ont atteinte dans son existence même, alors même que le déclin des syndicats la laissait sans défense.
Moins de travail, moins de considération et de reconnaissance, moins d'espoir de promotion par l'ascenseur social, pouvoir d'achat en berne, la classe moyenne est en mal être, se sent mal aimée, parce que la première en ligne dans les plans de licenciement, parce que mal traités par les méthodes dites modernes de management, qui font perdre son sens au travail. La course au endemant et les plans sociaux ramènent ces travailleurs au rang de matricule jetable, et de coût financier. Qui aujourd'hui proclame que la ressource humaine est la richesse de l'entreprise, celle qui permet son existence même, avant que d'être une charge?

Les précaires et sans emploi

Combiens sont-ils? On de doit pas se tromper beaucoup en estimant à 20% de la population active cette dernière catégorie de population. Assistance et débrouille assurent leur pain quotidien. Blancs et non blancs se sentent rejetés par une société qui les fuit et les ghettoîse dans des cités dortoirs gagnées de plus en plus par le communautarisme. L'école de la république échoue à intégrer leurs enfants, les services publics ont quitté les lieux où ils habitent, l'état de droit n'y est présent que sporadiquement. Les élus censés les représenter les ignorent et les craignent, et sont impuissants à trouver des solutions, quand ils en cherchent.

Impuissance à changer les choses

Le constat est fait depuis des décennies. De plans en plans, des mesures ont été prises, qui ont toutes échoué. 

En marche! en aurait-il pris conscience, qui n'a rien prévu dans son catalogue de mesures pour redonner de l'espoir à cette majorité de français qui se sent rejetée et inutile?D'ailleurs aucun parti politique ne s'est emparé du problème, pour la bonne raison que la solution ne dépend pas d'eux. Il n'y a plus de ministre de la ville, et pour vaincre le chômage, on table pour l'essentiel sur une plus grande facilité de licencier!
Aucune idée nouvelle depuis des années et des années, la même bureaucratie, la même frilosité, la même exigence de rentabilité, la même impuissance de l'Agence pour l'Emploi, devenue un monstre bureaucratique après la fusion ANPE/Assédic. Priorité est donnée à l'amélioration des comptes, pas à l'efficacité.

Le système libéralo-capitaliste qui nous gouverne ne laisse pas de place à la générosité, au lien social, au patriotisme économique, social, environnemental. Les grands groupes ne veulent plus qu'on leur impose quoique ce soit, sinon c'est le chantage à l'emploi. Leur présence dans beaucoup de pays du monde leur en offre la possibilité, on le sait depuis des années, et leur politique de délocalisation, qui s'étend maintenant à tous les secteurs de l'entreprise, est un contributeur important au chômage. Ils sont aujourd'hui les maîtres du monde, au-dessus des lois des Etats. Ils maîtrisent les salaires, les conditions de travail, le repect de la santé et de l'environnement, l'emploi. Les tentatives des uns et des autres pour limiter leurs pouvoirs font figure d'escarmouches sans lendemain.

Personne n'a pu empêcher PSA de fermer Aulnay, aucun gouvernement n'a de pouvoir pour accroître le pouvoir d'achat en berne de 80% des français, la clé de la relance de l'économie française est pourtant là. L'Europe n'a guère plus de pouvoir, bloquée par la nécessité de l'unanimité, impossible quand on est 27. Les découvertes scientifiques se font en dehors d'eux, comme leurs applications.

Le monde change, très vite même, mais sous l'effet du progrès technologique et du système économique mondialisé qui nous gouverne. L'influence des politiques sur le cours des choses est à la marge.
Mais ne l'a-t-elle pas toujours été, ce qui expliquerait le goût des hommes de pouvoir pour la seule façon de marquer l'histoire: faire la guerre?