Réflexions après le confinement

Le 17/03/2020

Dans Humeurs

Le monde est en proie à la peur du covid 19, les pays se referment sur eux-mêmes, les marchés implosent, les économies sont au ralenti, les Etats jouent les bonnes mères providentielles. Heureusement que l'Etat providence est toujours là.

 

Sans vouloir jouer les coronaviro-sceptiques, je ne suis toujours pas totalement convaincu de la suprême dangerosité qu'on attribue au covid 19.
Alors on nous innonde au fil des jours des nouveaux contaminés et des nouveaux morts. Dans l'absolu, ces chiffres impressionnent, c'est normal. Mais si on les rapporte au nombre moyen de morts chaque jour (1700), et surtout aux effets des grippes qui nous frappent chaque hiver, on comprend mal la panique qui gagne les peuples.
En six à huit semaines, la grippe a tué autour de 8000 personnes l'an passé en France, elle a généré 10 700 hospitalisations, et la consultation d'un généraliste dans 1,6 millions de cas. Le covid 19 ne paraît pas devoir atteindre ces chiffres, sauf à nous dire qu'on ne veut plus revoir jamais ces chiffres-là. Peut-être que notre rapport à la mort nous rend insupportable ce qu'on tolérait avec résignation avant. Dans ce cas, il faudra agir autrement les prochaines années.

Les conséquences économiques vont être extraordinairement lourdes et vont peser longtemps sur nos économies. Plusieurs semaines où l'économie sera au ralenti, usines fermées, comme les commerces et les professions qui travaillent en collaboration, c'est du PIB en moins, et des conséquences sociales très lourdes. L'Etat a choisi les grands moyens pour adoucir les conséquences tant pour empêcher les faillites que secourir les plus fragiles. Mais on sait que beaucoup passeront à travers les mailles du filet, petits travailleurs indépendants, commerces, salariés en CDD. Et le coût pout l'Etat va être gigantesque. On parle de 300 milliards d'euros, nul ne le sait, et nul ne sait quelles pourront en être les conséquences. Adieu les règles de bonne gestion imposées non seulement par l'Europe, mais aussi et surtout le bon sens. 
Les déficits publics vont être abyssaux, les notations des Etats ne manqueront pas de s'en ressentir, alors que ces mêmes Etats devront accroître leur endettement, avec le risque majeur d'une hausse brutale des taux, que personne n'entrevoyait il y a seulement quelques jours.
La correction, dans tous les sens du terme, va être sévère.

Pour réduire la pandémie, les états européens ont été contraints au confinement des personnes, avec les conséquences que l'on sait, ou plutôt qu'on entrevoit pas très précisément. Parce qu'on ne fabrique plus rien en Europe, les solutions de dépistage et de ports de masques ont été écartées, alors que les pays producteurs asiatiques s'en sont servi énormément, et semble arrêter plus rapidement que nous la pandémie. Un coréen sur 200 a été dépisté, alors qu'en France on ne dépiste que les personnes qui présentent les symptômes les plus graves de la maladie et qui sont réputées à risques. Faute de pouvoir dépister et protéger, on confine la quasi totalité de la population, avec un désastre économique et social annoncé.
Plus de gel hydraulique, un manque dramatique de masques, même pour le personnel médical, et de matériel de dépistage, la spécialisation générée par la mondialisation montre ici ses conséquences les plus néfastes. 

 

 
 

La crise financière est déjà là, des centaines de milliards de dollars / euros sont partis en funée, le cac 40 est revenu en dessous des 4000 points (contre 6200 il y a quelques jours), la dégringolade atteint partout des taux jamais vus. Cela veut dire des réserves financières pour les compagnies d'assurance, caisses de retraite, organismes de pensions, réduites de moitié, l'épargne investie en actions en direct ou via des assurances-vie évaporée, les montants proposés aux salariés au titre de la participation, intéressement, attributions gratuites, stock-options, ramenés à la portion congrue. Ce qui était censé être une épargne protectrice pour l'avenir se révèle être de la monnaie de singe.

Notre modèle de société va être remis en question. Ces crises majeures qui reviennent tous les dix ans avec une intensité toujours plus forte, le rôle de l'Etat, qu'on veut réduit au minimum quant ça va bien, et à qui on demande tout quand ça va mal, le fonctionnement de ce capitalisme financier obnubilé par le profit, oublieux de l'intérêt des hommes, des Etats, de la planète, vont alimenter des interrogations déjà présentes, mais qui vont exposer plus nettement encore l'absurdité du système.

En attendant, une vérité s'impose : sans les intervention des Etats, le capitalo-libéralisme financier qui nous gouverne et le méprise serait bien incapable de faire face aux crises. On le dit pendant les crises, on l'oublie ensuite, et si on s'en remet, probable qu'on l'oubliera à notre tour.