Tout électrique - raison ou air du temps

Le 14/11/2022

Dans Humeurs

Qu'est-ce qui a pris à l'Europe de décider l'interdiction de la vente de moteur thermique à partir de 2035 ?

La velléitaire Europe qui a sacrifié son industrie sur l'autel du libre-échange se veut croire désormais proactive et un brin visionnaire. En réponse à l'air du temps qui stigmatise l'activité humaine comme cause principale du dérèglement climatique annonçant la fin de la planète, la Commission Européenne  a pris le taureau automobile par les cornes, et décidé que plus aucune voiture neuve à moteur thermique ne serait vendue en Europe à partir de 2035.

Si cette décision, qui n'est pas sans démagogie, a l'heur de plaire aux écologistes, ses conséquences risquent d'être lourdes en accélérant encore la marginalisation d'une Europe en déclin, relatif aujourd'hui, absolu demain.

 

On a tout dit sur le bilan écologique de la voiture électrique, ses points positifs - pas de gaz à effet de serre, pas de bruit - et ses points négatifs - nécessité de terres et métaux rares dont l'extraction est polluante et absente de l'Europe, dépendance accrue au nucléaire ou au charbon, recyclage problématique des batteries, coûts de mise en place des infrastructures de recharge qui n'éviteront pas une dégradation immense de la facilité d'usage pour l'automobiliste, casse sociale et surcoûts insupportables pour les plus modestes.

Ca fait beaucoup, au point où on peut se demander si certains n'ont pas tout simplement pour idée de tuer la voiture. 

Des mesures en attente d'une vraie technologie alternative à l'essence

Car plutôt que d'emprunter la voie unique d'une technologie qui a moult faiblesses, alors même que d'autres à base de solaire, hydrogène ou autres sont à l'étude, n'aurait-il pas été plus pertinent de prendre des mesures transitoires visant à diminuer les émissions de gaz tout en n'embarquant pas dès maintenant l'industrie automobile européenne dans une voie unique où elle risque de s'engloutir ?

Partout en Europe les vitesses sont limitées. Pourtant on produit des voitures de plus en plus puissantes, de plus en plus grandes et lourdes, qui vont de plus en plus vite. On voit bien que les radars et autres contrôles ne suffisent pas au respect des limites.
Alors pourquoi ne pas imposer le bridage des moteurs et interdire la vente en Europe de tout véhicule disposant de moteurs non bridés? On surveillerait de près le débridage que ne manquerait pas de faire certains, en le sanctionnant par la confiscation du véhicule.

Des moteurs dont la vitesse ne pourrait pas dépasser le 110 ou le 120 auraient un effet fort sur l'émission de gaz à effet de serre, c'est en tous cas ce qu'on nous dit, et cela aurait le mérite de mettre fin à l'hypocrisie, voire à la mahonnêteté, consistant à imposer des limites tout en permettant la vente de voitures à potentiel de vitesse infiniment plus élevé.

Pendant ce temps, les recherches d'alternatives à l'essence se poursuivraient, pour donner naissance à la solution la plus adaptée à l'ensemble des contraintes.

Avec cette marche forcée vers le tout électrique, on oblige l'industrie européenne à concentrer ses investissements sur cette seule alternative, que rien ne nous dit qu'elle sera la solution de demain. Si elle ne devait pas l'être, ce serait la mort assurée de l'industrie automobile européenne, la seule industrie qui nous reste avec l'armement et l'aviation !

Ajoutons que l'Europe n'est plus le centre du monde que la Commission Européenne paraît croire qu'elle est encore.
Il y a un 1400 millions de voitures dans le monde, pas loin de 300 millions en Europe, et la croissance est en Asie, Afrique, Amérique du Sud. L'Europe représentera autour de 5% de la population mondiale en 2050, soit un tout petit marché. Croit-on raisonnablement que les files interminables de voitures à Lagos ou Pretoria seront électriques dans un délai proche ?

L'Europe veut se rattraper de sa passivité passée face son désastre industriel provoqué par la mondialisation qu'elle avait encouragée. Sa décision précipitée du tout-électrique automobile porte le risque de l'achever irrémédiablement.