Le revenu universel - utopie ou bonne idée?

Le 21/10/2015

Dans Humeurs

"Contre le chômage, on a tout essayé" disait François Mitterand il y a plus de vingt ans. On a continué depuis, sans plus de succès. Et les prochaines années risquent de voir s'amplifier ce mouvement de fond qui touche l'ensemble du monde développé. Les banques, un des plus gros employeurs de France, ont entamé la fermeture de leur réseau d'agences.

 

Le voyagiste FRAM est en faillite, et son réseau n'attire personne. Aréva supprime 2700 postes, La Poste essaye de résister, mais comment laisser ouverts des guichets qui ne voient plus personne? Le numérique crée bien moins d'emplois qu'il n'en tue, sans évoquer l'ubérisation en marche qui va bouleverser le monde du travail, sonnant peut-être le glas du salariat. Les entreprises "classiques" y auront aidé, quand on voit qu'en 2015, 85% des emplois offerts aux jeunes sont des CDD!
Les politiques n'ont pas de solution. Ils tentent seulement chacun leur tour de faire croire qu'ils sauront faire demain ce qu'ils n'ont pas pu faire quand ils étaient au pouvoir. Mais personne n'est dupe, le résultat est résignation et rejet. Ne parlons pas du FN enfermé dans un credo protectionniste voué à l'échec économique et à une régression intellectuelle et humaine sans précédent.

Les pays du Nord, plus audacieux que nous, ont fait le constat que plus jamais ne règnera le plein emploi, si tant est qu'il ait jamais existé. La Finlande est un pays riche et moderne, mais avec un taux de chômage qui dépasse maintenant les 10%. 
Alors le nouveau Premier ministre, centriste, va tester une idée discutée depuis longtemps là-bas, qui fait un large consensus dans l'opinion et dans les partis politiques, le revenu universel (ou revenu de base).
Il s'agit de garantir un revenu minimum à tous les citoyens qui leur permette de vivre décemment. Ce revenu remplacerait un grand nombre d'aides qui existent déjà, et s'ajouterait aux revenus en cours, aux salaires par exemple. Il remplacerait certaines aides sociales, le minimum vieillesse, le RSA, et serait financé par l'impôt et les économies dégagées des allègements administratifs considérables qu'il permet.
Le montant du revenu de base varie selon les experts, on parle de 500€ par mois, ou 800 voire 1000 /mois. 
Mais alors pourquoi travailler ? Tout simplement pour avoir plus que ce minimum qui permet de subsister, mais frugalement. Autre argument des sceptiques: les travaux pénibles n'attireraient plus personne. Les entreprises devront sans doute effectivement rémunérer à un prix plus juste les travaux pénibles, que déjà les français de souche ne veulent plus faire depuis longtemps, parce que non rémunérés à leur juste prix. L'inégalité des revenus s'est accrue énormément en France ces dernières années, où l'augmentation du pouvoir d'achat n'est plus réservée qu'à une petite élite de cadres supérieurs et dirrigeants. Cela est une des causes dans l'atonie de l'économie. Et si le revenu universel allait chambouler l'échelle des salaires au profit des travaux les plus durs et les plus pénibles, alors que le passé récent n'a bénéficié qu'à ceux qui demandent un diplôme!
L'idée vaut le coup en tous cas d'être creusée. Elle est choquante pour beaucoup, parce que suceptible de changer notre rapport au travail. Elle ne serait pourtant qu'un prolongement du RSA, mais sans la complexité administrative, les abus et détournements. Quoi faire d'autre quand la société n'est plus à même de fournir un travail à tout le monde? 

article de l'Obs  site Mouvement français pour un revenu de base   article du JDD