Chemin de Compostelle - de Figeac à Condom

Le 05/05/2018

Dans Voyages,randos,balades

Il y a quatre ans, j'ai fait mes premiers pas sur le chemin de Compostelle, par la via Podensis. Je suis donc parti du Puy-en-Velay, jusqu'à Figeac. J'ai été enthousiasmé, pourtant je n'ai pas eu envie de continuer. Peur de ne pas retrouver les mêmes émotions?

Et puis l'envie est revenue, me titillant jusqu'à ce que je me remette en mache, pour aller de Figeac à Condom. 257 km, 12 jours de marche. Pourquoi marche-t-on sur le chemin de Compostelle?

Certains, pas les plus nombreux, entreprennent une démarche religieuse, sur les traces des pèlerins d'antan qui allaient prier Jacques le Majeur, apôtre qui avait christianisé l'Espagne, était reparti en Palestine où il est mort, et dont le corps a été ramené en Espagne sur une barque.
Bernard est proche de cette démarche, quand, il y a quelques années, il a fait le chemin, 1800 km, deux mois de marche quotidienne, pour son fils frappé d' un cancer du pancréas. Sa maladie s'est stabilisée, il refait le chemin pour que son état se maintienne.
Mais pour les plus nombreux, les motifs sont plus païens, l'amour de la marche, la performance sportive, savourer la beauté de la nature, des villages, se retrouver en face de soi-même pour faire le point de soi et de sa vie, échanger avec les gens nombreux qu'on rencontre sur le chemin.
Il y a un peu de tout à la fois pour le plus grand nombre, dont je suis, marcher sur le Compostelle est une opportunité magique de réflexion sur soi, d'admiration de la diversité et de la richesse des régions traversées, et l'opportunité rencontrée nulle part ailleurs de contacts avec des gens qu'on n'aurait jamais croisés autrement.

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Ainsi des copines Aude et Vanina, Vanina l'extravertie, une quarantaine dynamique, libérée, charismatique, prof d'arts plastiques dans un collège de St Etienne, et qui téléphonait chaque soir à sa petite fille de 8 ans confiée pour l'occasion à ses grands-parents, et Aude, qui reprend avec son frère l'affaire familiale de fabrication de jus de fruits de qualité, située à Mirabel, près de Moissac (domaine Laffitte). Chaque année elles marchent cinq jours sur le chemin, en 2018, ce fut de Cahors à Auvillar.
Et Mario et son épouse, jeunes retraités venus de Metz, lui ancien marcheur rapide, elle ne marchant que depuis sa retraite survenue il y a ... un mois. Ils sont partis du Puy, avec pour objectif St Jacques. Quand je les ai quittés à Moissac, ils marchaient depuis presque trois semaines déjà. Ils y arriveront.
Comme ceux qu'on surnommait les bretons, parce qu'ils viennent de Nantes. L'un est un ancien militaire, aujourd'hui routier, baroudeur, bon marcheur, il vise St Jacques. Tous les soirs il téléphone à son épouse. Il est accompagné d'un cousin, qui a répondu à un défi à l'occasion d'une soirée familiale arrosée, comme on en connait tous. Ils arriveront.
Et puis Jean-Pierre, ancien chef export d'une filiale de Renault, et son épouse, ancien prof. Celle-ci a déjà fait le chemin dans son entier, beaucoup le font plusieurs fois. Cette année elle tire son bagage sur un charriot, et en "chie" souvent plus que de raison. Ils s'arrêteront à St Jean Pied-de-Port.
Et ces deux sœurs franciliennes, venues de Louveciennes. Elles ont laissé leur mari à la maison, l'ainée, jeune retraitée elle aussi, vise St Jean ou Roncevaux, c'est à dire 800 km.
Et Dominique, jeune retraitée encore, qui travaillait à Montreuil dans une société d'HLM. Elle a quitté Paris aussitôt la retraite sonnée, pour le Morbihan. Elle y est en location, pour être prête à partir dès qu'elle en aura envie. Malgré une sciatique, elle marche, seule, et vise St Jacques, voire plus loin. Elle arrivera.
Et encore ce couple d'isérois, visant aussi St Jacques, et leur copain qui vit depuis quinze ans à Londres, où il travaille dans une Compagnie d'assurance. Lui aura marché de Conques à Cahors.

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Et ces trois randonneuses de Senlis, plus toutes jeunes, qui elles aussi visent St Jacques, sac à dos.
Ou cet ancien boucher belge, parti pour St Jacques, avec qui j'ai marché de temps à autre les deux premiers jours, et que je n'ai plus revu. Est-il encore sur le chemin?
Et bien d'autres, qu'on croise et recroise, on se salue, on se dit un mot, on prend un café, et on repart pour des retrouvailles prochaines. Ou pas.
Et il y a aussi tous ces hôtes qui nous reçoivent, pas toujours seulement pour l'argent. Souvent marcheurs et/ou anciens pèlerins, ils ajoutent à l'accueil commercial une empathie réconfortante. Des gens du cru, mais aussi des citadins reconvertis, qui viennent ici pour donner un sens plus fort à leur vie. Tels Jean-Michel et Frédérique, venant de la région parisienne, qui ont restauré cet ancien couvent à La Romieu, pour en faire un gîte-étape très confortable et agréable.
Car marcher entre 20 et 30 km tous les jours, par tous les temps, en portant sa maison sur le dos, ça peut ne pas être tout le temps que du plaisir. Les dénivelés sont parfois importants, les pentes rudes, les chemins caillouteux, glissants, le corps peut faire mal.
Pour moi, ces deux semaines ont été formidables, le beau temps était de la partie, et tant pis si parfois il a bien fait suer, et le corps a répondu présent.
Alors c'est décidé, bientôt Condom - St Jean Pied-de-Port (ou Roncevaux), pour boucler la partie française (800 km).
Ultreia.

le compte-rendu du chemin, avec accès au film