Drahi ou le pire du capitalisme

Le 17/09/2015

La finance est formidable. Si vous êtes une entreprise petite ou moyenne, on vous expliquera qu'on ne peut pas vous prêter si l'endettement dépasse l'actif net. Mais si vous êtes une grande gueule charismatique, avec quelques appuis bien placés, et une ou deux réussites derrière vous, vous pouvez faire manger les banques dans votre main, et les faire agir en contradiction totale avec les règles financières qu'on apprend dans toutes les écoles.
 

 

Les organismes de notation transgressent alors toutes leurs règles de prudence, vous pouvez non seulement faire n'importe quoi, mais au meilleur taux sous l'afflux des offres des banques. Comme des loups qui ont faim de profits, les banques vont haleter d'envie pour participer à des opérations en dehors de tous les critères prudentiels.
C'est ainsi que Patrick Drahi accumule les milliards d'endettement que les banques lui consentent dans l'allégresse la plus irresponsable. Drahi ? C'est un Tapie à la taille de Gargantua. Il emprunte pour acheter, et rembourse en prélevant sur les sociéts achetées l'argent rendu disponible par les licenciements qu'il opère. La création de valeur pour le monde? Zéro. Des emplois en moins, des salariés au chômage, d'autres surchargés de boulot, stressés par la peur de passer à leur tour à la casserole et par un travail qui a perdu son sens. Pendant ce temps-là, Drahi est encensé par tous, les politiques, la presse financière, et surtout les analystes et fonds d'investissement, obnubilés par le court terme et ignorant des réalités de l'entreprise.
Drahi et consorts sont l'image caricaturale et la plus détestable du capitalisme débridé de ces dernières décennies, qui mène le monde dans une impasse, accroissant l'inégalité, l'injustice et la perte de sens de l'activité humaine. Ils ne créent rien, ne prennent pas le risque de l'entrepreneur, mais cassent ce que d'autres ont mis toute leur énergie à construire.
​En Espagne, Angleterre, Grèce et ailleurs, la gauche vieillote et radicale retrouve un souffle de jeunesse. Elle peut dire un grand merci à Drahi et ses camarades. Espèrons au moins qu'un jour elle sera assez puissante pour que ces pratiques inhumaines et improductives soient perçues et condamnées comme il se doit.